Grèves et naissance du syndicalisme de masse
En 1936, les grèves massives qui ont lieu en France font écrire à Trotsky que la "Révolution française a commencé"...
Les grèves de 1936 et la victoire de l’alliance électorale nommée Front populaire (regroupant le Parti radical, la SFIO et le PCF) marquent, en France, la naissance du syndicalisme de masse, qui continue aujourd’hui d’inspirer le mouvement ouvrier international et qui fait écrire à Trotsky, le 9 juin 1936, que "la Révolution française a[vait] commencé" dans un texte intitulé "Où va la France".
La grève commence le 11 mai au Havre, contre le licenciement de deux ouvriers grévistes le 1er mai, non férié. Les quinze jours suivants, des grèves se développent dans plusieurs grosses usines de la région parisienne comme Renault ou Citroën, pour des augmentations de salaires et une amélioration des conditions de travail.
Le 24 mai, jour où, traditionnellement, la gauche rend hommage aux fusillés de la Commune, ce sont pas moins de 600 000 personnes qui défilent à Paris vers le Mur des Fédérés, à l’appel de la SFIO, du PCF et de la CGT. Cette manifestation est un succès inattendu, relayé avec lyrisme par l'Humanité du 25 mai 1936 : "Jamais pareille affluence n’a été dénombrée […] Blum et Thorez, entourés des leaders SFIO et communistes, se tiennent côte à côte."
"Comme une mer toujours montante, la grande foule arrive. Et tout était mêlé, dans cette grande foule, les casquettes, les chapeaux, les vieillards, les jeunes filles. C'est Paris-tout entier, glorieux et superbe, enthousiaste et confiant qui se presse pour glorifier et la Commune et la victoire du Front populaire. Un tel spectacle est de ceux qui se gravent pour l'avenir dans la mémoire des hommes".
Le 4 juin, Léon Blum prend ses fonctions de Premier ministre. Ce jour-là, on recense un million de grévistes dans les grandes villes française. Le livre, la serrurerie, l’orfèvrerie, les laboratoires pharmaceutiques, l’habillement, le gaz, l’agriculture et la distribution de journaux sont entrés en mouvement. À partir de cette date, seuls trois journaux seront normalement distribués et massivement lus : L’Humanité, Le Peuple (journal socialiste) et L’Œuvre (journal radical).