Extrait du journal
lie voyage d'Algérie. M. Rudelle a interrogé hier M. le président du Conseil sur les motifs qui l'avaient déterminé à ne pas accompagner M. le Pré sident de la République en Algérie. M. Combes a trouvé que la question n'était pas sérieuse; aussi n'y a-t-il pas répondu sérieusement. Néanmoins, son discours n'a pas manqué de quelque intérêt. Il s'était proposé d'aller en Algérie. Ce pays, qu'il a déjà visité deux fois, lui avait laissé les meilleurs souvenirs. Mais les délégués des groupes de gauche lui ont interdit de faire le voyage. Ils se sont présentés chez lui, au moment où il préparait ses bagages, et lui ont fait sentir que sa présence en France était plus nécessaire que jamais dans un moment où les congrégations s'apprêtaient à résister, peut-être par la force, aux injonctions de la loi. M. Combes n'a vait pas songé à cela : à quoi donc songe-t-il? Sans la vigilance des groupes de gauche , qui pourvoient à ses distractions, il nous-laissait ex posés à un grand danger, h'Officiel n'en dit rien, j mais la Lanterne nous fait savoir, ce matin' que M. Ribot s'est écrié : « Singulière manière de gouver ner ! » La Lanterne assure que c'est la bonne, et qu'un président du Conseil qui veut durer n'a be soin de rien prévoir, pourvu qu'il soit résigné d'a vance à se laisser conduire en toute docilité par les délégués des groupes de la majorité. Une réflexion qui viendra à beaucoup d'esprits est que, puisqu'ils gouvernent indirectement, il vaudrait mieux que ces mêmes délégués gouvernassent directement et. fus sent ministres à la place de M. Combes. Ce serait plus net et plus franc. Nous avons aujourd'hui un gouvernement occulte, celui des groupes'; et M. Combes en est l'instrument. Il ne peut même pas prendre un congé sans son autorisation. j Le discours de M. Rudelle a été suggestif à d'au ' très égards encore. Comme l'orateur déplorait la dé . ception des Algériens qui s'étaient attendus à voir M. le président du Conseil, M. Berteaux lui a de mandé : « Avez-vous l'intention d'aller le recevoir? » M. Berteaux a toujours le mot pour rire : « l'aurais été heureux de faire le voyage, a répliqué M. Ru delle ; mais je n'ai pas été invité. » Quelle admirable discrétion ! Si M. Rudelle avait vraiment le désir de profiter des circonstances pour faire un voyage en Algérie sans bourse délier, que ne s'invitait-il lui même ? C'est ce qu'ont fait un certain nombre de membres du Parlement qu'on n'avait pas plus songé à inviter que M. Rudelle lui-même, et qui ont fort étonné M. le ministre de la ma rine en lui annonçant leur intention- d'accom pagner M. le Président de la République jusqu'à Al ger. Une fois arrivés là, ils s'abstiendront d'ailleurs de gêner ses mouvements, et le laisseront à ses exercices pour se livrer aux leurs. M. Pelletan a ré pondu qu'on prendrait du monde autant qu'il y au rait delà place, et nos députés et sénateurs ont'couru au plus vite se faire inscrire, les places devant être aux premiers arrivés. Chose curieuse : quand M. le Président de la République va, par exemple, à Lille,...
À propos
Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.
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