Extrait du journal

Les petits soldats sont partis, pour «faire les vingt-huit jours .>. Ils sont partis en bon ordre, marchant d'un pas relevé et rythmé, derrière les musiques,qu'on a eu bien raison de leur donner, très gaiement. Tout d'un coup, la foule a vu, à toutes nos gares de chemins .de fer, arriver les réservistes et se former instantanément de joyeux tableaux militaires qu'elle applaudissait. « On ne voit plUs parmi nous ces hommes traînés de force dans les combats, qui jettent des cris douloureux dès que lé sort les nomme défenseurs de la patrie, ni ces parents qui poussent des clameurs lamentables, comme si on menait leurs enfants au supplice. » C'est Mercier qui écrivait ceci, dans son livre si curieux : l'An deux mille quatre cent quarante. Pour une fois, la réalité a devancé les espérances du rêveur I Elle n'a pas fait attendre trop longtemps l'heure où le service militaire serait accepté par tous avec une belle humeur joyeuse. Nos jeunes gens paient l'impôt du sang et le paient en chantant. C'est encore mieux que de payer l'impôt de l'argent,dont se préoccupait Mazarin, homme de génie, , mais un peu cuistre. Il n'y a qu'à regarder autour de soi pour reprendre courage, en voyant combien les belles qualités de notre race restent vives. Tous ces braves garçons, bouclant leurs sacs,nous ont appris que le patriotisme,' humble et pratique, avait survécu chez nous à nos misérables querelles....