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Journal des débats politiques et littéraires, 10 août 1830

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Journal des débats politiques et littéraires
10 août 1830


Extrait du journal

Bruxelles, 7 août. M. Franche!, ancien directeur de la police sous Charles X, est arrive à Bruxelles. C'est lui qu'on avait pris pour M. de Polignac. Les Nederlantlsche Gedaclilen , qui sont loin de désapprouver les principes du coup d'Etat de Charles X, malgré le mauvais succès qu'il a eu, disent que : « Ce qui se passe en France touche de bien près les Pays-Bas. » Les rétjacteurs de" cette feuille absolutiste de mandent : « Où est la force qui va résister à la France, et surtout aux principes qui propageront cette nouvelle révolution en Belgique? « Cette même feuille dit plus loin : « La nouvelle révolution française se propagera dans les autres pays beaucoup plus facilement que la Ïiremière. » Et plus loin encore : « L'intervention des puissances dans es affaires de la France aurait dû avoir lieu depuis long-temps, aussi bien d'après les principes de l'ancien que du nouveau droit public de l'Europe. « Liège , 7 août. Aux premiers combats de la France constitutionnelle contre la fac tion qu'elle vient de briser, nos vœux et notre espoir, nous ne l'a vons pas caché, ont été pour son triomphe. Nous ne cacherons pas davantage aujourd'hui la sympathie et les joies vives que ce triomphe nous inspire ; et ces sentimens, nous ne sommes pas, Dieu merci ! les seuls a les éprouver. A aucune époque, peut-etre, pour aucun événement, toutes les classes de la population ne se sont montrées plus vivement émues. Qu'on parcoure nos rues , nos promenades, nos placés publiques; qu'on entre dans nos sociétés, dans nos salons, dans nos cafés, partout entretiens anijnés, visages épanouis, lecture ,à haute voix de toutes les feuilles publiques. Une seule édition des journaux n'a pas suffi a l'impatience, il eu a fallu deux. Les bureaux des journalistes, les bureaux des postes, les bureaux des diligences, soir et matin sont assaillis. Jamais plus unanime entraînement, jamais plus persévérant en thousiasme ! C'est que jamais, aussi, événement plus merveilleux ne frappa l'imagination ; c'est que chacun aussi comprend très bien que tout ce que la liberté tente d'efforts en France, ce qu'elle y fait de sacrifices, ce qu'elle y gagne de victoires, ce qu'elle y promet de b»'cnfisifs. ce n'est. pour la France, c'est pour l'Europe entière. Et puis, sans même porter la vue au delà de la France et dû pré sent , quoi de plus propre à émouvoir que le sublime élan d'un peuple brave, prodigue de son sang pour ses droits, si dévoué , si intrépide pendant le combat, si intègre, si généreux, si calme après la victoire ! Qui refuserait son admiration à ce drame énivrant qui, en trois jours, d'un peuple de. bourgeois fait un peuple de héros ; d'une nation humiliée sous une monarchie insolente et décrépite , une na tion libre et fière se montrant avec orgueil à l'Europe étonnée, avec sa sublime jeunesse , et ces vieilles couleurs et ces vieux noms auxquels •se rattachent ses gloires les plus belles ! Après ce triomphe si noble, si juste, si rapide, ce qu'il ya de plus doux à contempler, c'est ce repos plein de force et de dignité , ce bon ordre d'un Etat qui, dès le lendemain de sa naissance, se montre plus calme, et déjà plus confiant en sa force que l'Etat tout organisé auquel il succède. Non, ce n'est pas devant un si grand spectacle qu'il est permis de rester indifférent. Que d'autres ne voient dans les trois mémorables journées de Paris que le triomphe des factieux. Pour nous, nous sa luons de nos applaudissemens et nous suivrons de tous nos vœux cette seconde révolution française, plus glorieuse encore que la première , et destinée à de plus beaux triomphes, si rien ne vient à rompre par malheur l'admirable accord qui jusqu'à présent préside à une régéné ration si spontanée et si rapide. (Le Politique, journal de Liège.) Les partis se rapprocheront en France, et donneront non seulement aux libertés du pays, mais encore à la paix de l'Europe de fortes et puissantes garanties, tout nous l'assure, et les premiers pas dans cette carrière sont admirables. Une seule faction restera en dehors de ce beau mouvement politique, et attendra que les constitutions de l'Etat soient établies pour essayer de les miner sourdement. Réduits à conspirer depuis qu'ils ne gouvernent plus, que feront les jésuites? Us feront de l'opposition. Lecteurs, écoutez notre prédiction : le duc d'Orléans, Lalayette, le 'gouvernement nouveau vou,s semblent libéraux, sans' doute : attendez seulement un mois. C'est vers la licence , c'est Vers l'exagération de la liberté que les apostoliques vont se diri ger maintenant. Sous Charles X, ils étaient absolutistes, et ils l'avouaient tout haut. Le parti du Pape était alors soutenu hardi ment contre le gallicanisme et les libertés de la France. Le Cour rier vous apprend que déjà ils se disent gallicans ; attendez , disons-nous, un mois encore. Les jésuites, dans leurs journaux, feront de l'opposition à leur tour, seront plus libéraux cent fois que les cons titutionnels véritables, et Lafayette ne sera plus à leurs yeux qu'un ministériel ou un éteignoir. La prédiction est claire; nous verrons si elle est fausse. Que chacun inscrive Ceci sur ses tablettes, et qu'il attende' les évenemens ! ( Journal de Gond. )...

À propos

Fondé en 1789 sous le titre Journal des débats et décrets, le Journal des débats politiques et littéraires retranscrit, dans un premier temps, la quasi intégralité des séances dispensées à l’Assemblée Nationale. Sous Napoléon, il change de nom pour devenir le Journal de l’Empire. Publié jusqu’à l’Occupation, le journal sera supprimé en 1944.

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