Enfin, le milieu de la danse a connu un processus de féminisation durant le XIXe siècle. Jusque dans les années 1830-1840, des Italiens comme Auguste Vestris ou le Danois Auguste Bournonville occupaient le devant de la scène. Dans le dernier tiers du XIXe siècle, les rôles masculins sont plus rares dans les ballets et les danseurs moins nombreux. Les artistes masculins ne disparaissent pas, mais s’approprient des postes de pouvoir, tel Marius Petipa, maître des Ballets impériaux à Saint-Pétersbourg de 1869 à 1904, l’Italien Nicolas Guerra maître de ballet à Vienne (1896-1901) puis à Budapest (1902-1915), ou encore ceux qui prirent la direction d’une troupe, à l’image de Serge Diaghilev (1907-1929) et de sa brillante entreprise des Ballets russes.
Si, à la veille de la Première Guerre mondiale, les danseuses connaissent encore des formes de précarité économique et restent peu scolarisées, elles ont acquis un statut de danseuse professionnelle dont les compétences techniques et artistiques sont dorénavant reconnues.
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Pour en savoir plus :
« Dance Studies, genre et enjeux de l’histoire », in : CLIO. Femmes, genre, histoire : Danser, Claire Elizabeth (dir.), no 46, 2017, p. 161-188
Davis, Tracy C., Actresses as Working Women : Their Social Identity in Victorian Culture, Londres/New York, Routledge, 1991
Delattre-Destemberg, Emmanuelle, Penser la circulation des danseuses et danseurs : éléments pour une nouvelle géographie de la danse en Europe (fin xviiie-1850), Nice, Presses universitaires de Nice, à paraître en 2021
Jarasse, Bénédicte, Les Deux corps de la danse. Imaginaires et représentations à l’âge romantique, Pantin, CND, 2017
Yon, Jean-Claude (dir.), Les Spectacles sous le Second Empire, Paris, A. Colin, 2010
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Emmanuelle Delattre-Destemberg est maîtresse de conférences en histoire contemporaine à l’université polytechnique Hauts-de-France (Valenciennes). Ses travaux portent sur l’histoire culturelle de la danse et des spectacles entre la fin du XVIIIe et le début du XXe siècle.