Écho de presse

Fernandel, la gueule de l'emploi

le 15/03/2019 par Marina Bellot
le 29/12/2016 par Marina Bellot - modifié le 15/03/2019
Fernandel en couverture du magazine Ciné-Mondial, septembre 1942 - source : Gallica-BnF

Inimitable touche-à-tout, Fernandel s'est fait chanteur, acteur, humoriste... avec un égal succès auprès de la presse et des Français.

"Je suis né dans le mois des fleurs. Pourtant, dès cette époque, je ne ressemblais guère à l'une d'entre elles", s'amuse Fernandel dans ses Mémoires.

De son physique peu commun — sa "gueule de cheval", comme il le disait lui-même — il tirera une force comique qui enchantera le public et la critique pendant des décennies. La presse lui consacre dans les années 30 et 40 un nombre considérable d'articles, interviews, portraits...

Le Petit Parisien relaie en 1937 l'enthousiasme populaire soulevé par l'acteur :

"Il n'a qu'à paraître avec son dolman et son képi pompon pour qu'aussitôt les rires fusent de toutes parts. Car Fernandel fait toujours les tourlourous, il a commencé au café-concert, il a continué au théâtre, il continue au cinéma. Je suis soldat à perpétuité ? dit-il en riant, et pour moi ça n'est jamais la classe ! Pourtant voyez comme c'est drôle : j'ai débuté dans un film de Maurice Cammage intitulé Vive la classe !"

Le Journal n'est pas moins dithyrambique :

"Fernandel, c'est l'idole, le dieu, le génie, tout ce que vous voudrez. Sans Fernandel, les trois quarts des cinémas n'auraient que peu de spectateurs et les gens resteraient chez eux, à jouer aux dominos ou au jacquet.

L'écran a montré dans toute la France, aux salles obscures secouées de rires, le visage chevalin, aux gencives apparentes, aux longues dents dans un sourire de garçon d'honneur badin.

Le vrai Fernandel « au repos » est un garçon de 35 ans, simple, vivace et jovial. Sa situation de grande vedette millionnaire ne se voit guère dans son aspect, ni dans sa mise, ni dans son attitude. Seule son autorité, lorsqu'il discute avec le metteur en scène et qu'il fait prévaloir sans effort son point de vue sur la façon de jouer, en acteur qui connaît parfaitement ses ressources et ses limites, décèle la haute situation qu'il occupe dans le cinéma français."

 Et son succès ne se démentira pas au fil du temps, comme on peut le lire dans Le Journal  en 1943 :

"FERNANDELISONS encore un peu. On ne s'en lasse pas. Que de Fernandels sur les écrans parisiens ! Donnez-nous notre Fernandel quotidien. Ancien ou nouveau, Fernandel draine son public. Comment trouve-t-il le temps de tout tourner ? (...)

Fernandel possède un tel prestige sur le public que le plus banal de ses gestes provoque le rire. La foule se satisfait de le regarder. L'essentiel, pour elle, est qu'il paraisse. Dès lors, elle rit de tout."