Écho de presse

Verdi et Paris

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 26/01/2017 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
Portrait de Verdi ; 1874 - Source : BnF Gallica

Une grande partie de sa vie, le compositeur a entretenu un rapport singulier à la capitale française et à son public.

Avril 1876. La première représentation d'Aïda à Paris est un triomphe absolu, comme on peut le lire dans Le Ménestrel :

"Aussi, à 8 heures de relevée, la salle Ventadour était-elle absolument comble. On y remarquait même nombre de toilettes aristocratiques et, dans l'avant-scène de gauche, la reine d'Espagne et les jeunes infantes.

Mais le vrai roi de la soirée était le maestro Verdi. Lorsqu'il a pris possession du pupitre de chef d'orchestre, des acclamations sans fin ont accueilli l'auteur. […]

On y voit d'abord un hommage rendu à la capitale des arts et aussi une preuve du puissant intérêt que Verdi attache à la victoire d'Aïda sur le public parisien. Eh bien ! cette victoire, il l'a remportée d'une manière éclatante, en dirigeant lui-même, en animant, en électrisant ses interprètes petits et grands, si bien qu'ils ont même parfois dépassé le but. 

Le compositeur a entretenu une grande partie de sa vie une relation particulière à Paris. À sa mort quinze ans plus tard, en 1901, L'Écho de Paris revient sur cet attachement de Verdi à la capitale française :

"Ce n'est qu'en 1847 qu'il vint pour la première fois à Paris où il resta quelques jours avant d'aller à Londres. […] Il lui tardait de revoir Paris. À peine quelques mois plus tard il n'hésita pas à revenir dans la capitale : Verdi s'installa à Passy, sous les ombrages du Ranelagh, et y demeura tout l'été, absorbé par la composition de deux opéras, Il Corsaro et la Bataglia di Legnano. […] Il nous revint pour la troisième fois en 1849, et s'installa au numéro 13 de la Rue de la Victoire. Il allait même se décider à se fixer complètement en France lorsque le choléra fit irruption dans Paris et y fit tant de victimes."

Quant au public parisien, il fut immédiatement conquis par le Maestro :

"[…] Les Parisiens, jusqu'alors bercés par la sentimentalité fluente d'un Bellini, amusés par la sceptique finesse d'un Rossini, puérilement intéressés par un Donizelli aux théâtrales emphases, les Parisiens eurent, en entendant Verdi, la brusque révélation d'un talent expressif, violent, d'une vitalité débordante.

Presque toutes ses créations, un souffle guerrier les traverse. Rossini ne s'y trompait pas, lorsque, craignant pour le repos de son cher bel canto que venait secouer ce belliqueux tumulte, il s'écriait : « La mousique de ce Verdi, elle porte oun casque ! »"

 

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