"Blanche-Neige", premier long-métrage Disney
Film-événement, "Blanche-Neige et les sept nains" a reçu à sa sortie les louanges unanimes de la presse.
Lorsqu'il sort en France en 1938, le film Blanche-Neige et les sept nains est un véritable événement. Premier long-métrage des studios Disney, cette adaptation du conte des frères Grimm est une véritable révolution technique et artistique, qui marque une étape cruciale dans l'histoire du film d'animation. La presse s'en montre aussitôt consciente : dans tous les journaux, on célèbre le nouveau chef-d'œuvre de l'inventeur de Mickey Mouse.
Le 8 mai, L'Intransigeant estime que le film "marque une date considérable – la plus importante sans doute depuis Les Temps modernes –, dans l'histoire du cinéma". Le même jour, le chroniqueur du Figaro Pierre Brisson, s'il regrette que Blanche-Neige ressemble à "une réclame pour cigarettes américaines" et que le film comporte trop de "temps morts", se dit séduit, en particulier par les personnages des nains.
Le 12 mai, Le Petit Journal consacre une pleine page au dessin animé et s'enthousiasme :
"Blanche-Neige est un miracle de l'esprit humain, un miracle qui dure une heure et demie."
Le 13 mai, L'Action française salue à son tour longuement la réussite artistique du film.
"Walt Disney, certes, n'est pas un peintre. [...] Mais dès maintenant, il a donné le mouvement à une gravure en couleurs qui rappelle à la fois les Anglais du XIXe siècle et les estampes d'Extrême-Orient, avec l'enrichissement d'une infinité de procédés qui arrivent à suggérer sur l'écran volumes et reliefs. [...] De l'oisillon à la mouche, toute la ménagerie de Disney est stylisée, mais cette fois d'un trait presque digne des Japonais."
Mais la critique la plus admirative est sans doute celle de Paris-Soir, parue le 6 mai. Le dramaturge Pierre Wolff, visiblement ému, s'adresse directement à Walt Disney pour le remercier.
"Un chef-d'œuvre. En vérité, les mots me manquent parce qu'il est impossible, à moins d'user de lieux communs, de bien mettre en relief la grâce, l'esprit, les dons d'observation, la bonté, l'immense talent de Walt Disney. [...] Nous serions heureux, Walt Disney, de vous exprimer de vive voix tout ce que nous vous devons. Vous nous avez apporté quelque chose de neuf, d'original, de frais, de charmant. Vous avez su donner à vos personnages — qui sont devenus nos petits amis — un peu de cette poésie qui manque si souvent aux films que nous voyons. […] Walt Disney, vous êtes un magicien."