L’enjeu fondamental de cette guerre entre gens de lettres reste le testament de Jules Barbey d’Aurevilly – le « connétable » – qui fit de Louise Read, sa dernière amie, sa légataire universelle et donc la propriétaire de ses manuscrits. Pour Péladan, elle est l’ennemie.
« À cette époque, Mlle Read était loin d être chez d’Aurevilly la maîtresse absolue et tyrannique qu’elle devint plus tard. Elle s’y présentait souvent, mais ne dépassait jamais l’antichambre.
Elle a fait en peu d’années beaucoup de chemin puisque c’est cette même Louise Read que d’Aurevilly a instituée légataire universelle de tous ses manuscrits.
Dans les derniers temps de la vie du connétable, cette personne ne le quittait plus. Comme je viens de vous le dire, c'est elle qui, soutenue par Léon Bloy, s’opposa formellement à ce que d’Aurevilly reçut avant de mourir les secours de sa religion. »
Depuis Copenhague, où il accompagne sa femme danoise, Léon Bloy réplique et menace.
« Mais cet Assyrien, ce Chie-en-Lit est-il bien sage d’oublier que je peux revenir un jour ou l’autre ? Il sait, à n’en pouvoir douter que je n’ai besoin, moi, ni d’avocats, ni de tribunaux pour l’expédition de mes affaires et que je peux manquer de patience très soudainement. La débilité de sa mémoire m’épouvante. […]
Je n’aurais jamais répondu une ligne au monsieur, s’il ne s’était agi que de moi […]. Mais il salissait la mémoire d’un grand écrivain que j’ai profondément aimé et dont il a “très réellement” causé la mort dans un but de cupidité ignoble.
Maintenant, M. Joséphin s'efforce de lancer sa fiente à une autre personne dont il connaît la vie très pure et le dévouement admirable à l’illustre moribond qu’elle servit, comme une sœur des pauvres, jusqu'à son dernier soupir. Je comprends qu’un tel croque-mort soit vexé de n’avoir pas recueilli le salaire de ses manœuvres, mais cette dernière vilenie est un peu trop forte.
Quand l’heure sera venue, je me passerai fort bien du bras séculier pour le règlement de ce nouveau compte. »