6 novembre 1872, Le Temps publie le premier épisode du nouveau roman de Jules Verne, Le Tour du monde en quatre-vingts jours. Treizième de la série des Voyages extraordinaires qui fit la réputation de son auteur, il paraîtra en feuilleton chaque jour jusqu'au 22 décembre 1872.
Comme nombre de romans écrits par Jules Verne, celui-ci prend son point de départ en Angleterre. Il raconte la course autour du monde d'un gentleman anglais, Philéas Fogg, qui a fait le pari de la réussir en quatre-vingt jours, et de son serviteur français Jean Passepartout. Au cours de son périple, le duo va utiliser tous les moyens de transport disponibles à la fin de XIXe siècle, traversant l'Europe, les Indes, la Chine, l'Amérique, les océans en bateau à vapeur, en train, en paquebot, en traîneau à voiles... et même en éléphant.
Le récit tient les lecteurs en haleine. Surtout, il inspire les journalistes : en 1889, c'est Nellie Blye qui relève le défi d'un tour du monde en 72 jours - pour tenter de coiffer au poteau le désormais célèbre Philéas Fogg. La jeune reporter américaine se permet même un détour par Amiens, le temps d'une « courte visite à M. Jules Vernes » qui ne lui dissimule pas « que le succès de son entreprise ne lui paraissait possible qu'en soixante-dix-neuf jours ». Contre toute attente, la jeune journaliste boucle son aventure en 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes, établissant ainsi un record du monde avec un final digne des plus grands suspens.