La catastrophe de Courrières
Le 10 mars 1906, une explosion survint dans les mines de charbon de Courrières, faisant 1 100 morts. La catastrophe déboucha sur une crise sociale.
Le 10 mars 1906, vers 6h30 du matin, une explosion survient dans une mine de charbon de la Compagnie des mines de Courrières, près de Lens (dans le Pas-de-Calais). 11 kilomètres de galeries sont balayées par le souffle de l'explosion. Le bilan est dramatique : 1 100 mineurs perdent la vie sur les 1 800 descendus ce jour-là.
En France et à l'étranger, l'émotion est considérable : c'est l'une des plus grandes catastrophes minières de l'histoire. Des équipes de sauveteurs affluent de partout (et même d'Allemagne, quelques années avant la Grand Guerre) pour tenter de remonter les survivants tandis que l'événement fait la une des journaux, qui ont dépêché sur place des envoyés spéciaux.
Ainsi, La Presse du 11 mars relate en détail ce qui s'est passé et décrit les efforts des sauveteurs, qui travaillent dans des conditions abominables et dont 16 périront pendant les recherches.
« Le préfet est sur les lieux de l'accident. La catastrophe est épouvantable. On essaye de déblayer la mine, au prix d'incroyables efforts. La population est affolée. Un tiers à peu près des mineurs descendus ont pu être remontés. La gendarmerie maintient à grand-peine la foule autour des puits. »
Très médiatisée, la catastrophe déclenche aussitôt une vague de dons pour les familles des victimes : plus de 8 millions de francs sont récoltés. Mais quelques jours après, un mouvement social éclate dans les mines, les syndicats appelant à une grève. La cause : la Compagnie hâte les recherches pour pouvoir relancer au plus vite l'exploitation.
La grève se répand : plus de 60 000 grévistes. L'Humanité du 18 mars indique les revendications des mineurs, qui sont essentiellement salariales. La colère augmente lorsque, le 30 mars, 13 rescapés remontent de la mine, apportant la preuve qu'il était encore possible de sauver des vies. La grève se durcit et le 23 avril, un officier est tué lors d'affrontements avec l'armée (20 000 militaires ayant été envoyés par Clemenceau).
Le patronat finit par concéder des augmentations de salaires, et la crise, qui de sociale devint politique, déboucha plus tard sur l'instauration du repos hebdomadaire.