Au-delà du militantisme politique, René Crevel souhaitait s’affranchir « d'un monde où tout est borné dans le temps et l'espace ». En affirmant : « le réalisme, voilà l'ennemi ».
« Notre plus bel orgueil, en quête de cet infini, dont Louis Aragon a si bien fait d'annoncer la défense, voudrait se poser, oiseau métaphysique, œil libre des limites de paupières, entre ces deux miroirs que Francis Picabia nous conviait à mettre bien en face l'un de l'autre sans rien dans l'intervalle, pour que nous puissions enfin nous affranchir d'un monde où tout est borné dans le temps et l’espace. »
Pour le dixième anniversaire de sa mort, en 1945, le poète Tristan Tzara pourra encore rendre hommage à cet ami qui avait su ne pas se trahir.
« Crevel a été un des plus purs représentants de cette génération d’écrivains, pour laquelle la vie et la poésie devaient s’identifier. Écrire, pour lui, était une manière de vivre et non pas un métier, comme il suivait le drame de la vie en acteur et non pas en spectateur.
Comment la rigoureuse exigence de son caractère droit et vigilant lui aurait-elle permis de s’écarter de la voie qu’il s’était tracée ?
Fidèle à sa mission, Crevel préféra aller jusqu’au bout de sa pensée plutôt que d’accepter un compromis qui, dans son esprit, aurait été une trahison. »
–
Pour en savoir plus :
Œuvres de René Crevel sur Gallica
François Buot, Crevel, Paris, Grasset, 1991
Frédéric Canovas (éd.), Correspondance André Gide-René Crevel, Nantes, Centre d'Etudes gidiennes, 2000