Plusieurs travaux historiques ont mis en évidence les usages de la nationalité faits par les étrangers et les étrangères du Maghreb pour contourner ou détourner les législations : naturalisations sans résidence, refus des femmes de suivre la nationalité de leurs maris, accouchement hors du territoire, répudiation de la nationalité par les enfants, etc. Individuellement ou collectivement, les étrangers européens se mobilisèrent pour conserver leur nationalité d’origine. Les « Français du 8 novembre » par exemple, ces Maltais sujets britanniques qui contestèrent le décret tunisien du 8 novembre 1921 qui leur accordait d’office la nationalité française, obtinrent le droit de conserver leur nationalité d’origine.
Au moment des indépendances, les codes de la nationalité adoptés en Tunisie (1956), au Maroc (1958) et en Algérie (1963), sont essentiellement fondés sur le droit du sang et les conditions d’accès pour les non-nationaux sont très restrictives. Les Européens restés au Maghreb, peu nombreux, conserveront pour la plupart la nationalité qu’ils avaient à la veille des Indépendances.
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Pour en savoir plus :
Oualdi, M’Hamed, « La nationalité dans le monde arabe des années 1830 aux années 1860 : négocier les appartenances et le droit », in : Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 137, 2015, p. 13-28
Parolin, Gianluca P., Citizenship in the Arab World. Kin, Religion and Nation-State, Amsterdam, Amsterdam University Press, 2007
Urban, Yerri, L’indigène dans le droit colonial français (1865-1955), Paris, Fondation Varenne, 2011
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Hugo Vermeren est historien, spécialiste du Maghreb colonial, des migrations internationales et du fait communautaire italien. Il est l’auteur du livre Les Italiens à Bône. Migration méditerranéenne et colonisation des peuples en Algérie (1865-1940), paru en 2017.