Une partition qui prend place dans un contexte d'intenses violences entre hindous et musulmans. Des violences qui touchent également la population sikh, très présente au Pendjab, une région qui s'apprête à être divisée entre Inde et Pakistan.
Ce Soir raconte ainsi les troubles qui ont lieu à Lahore, dans l'actuel Pendjab pakistanais :
« À la veille du jour où [...] sera consacrée […] la séparation de l’immense pays en Hindoustan et Pakistan (ce dernier État étant musulman), des troubles sanglants se sont produits, notamment dans la région de Lahore, c’est-à-dire dans la la province du Pendjab, dont le partage entre les deux nouveaux États n’est pas entièrement réglé […].
Cinq temples sikhs, ainsi que des dépôts de bols, ont été incendiés, et un épais nuage de fumée flotte sur la ville. Des magasins hindous et sikhs ont été pillés. 95 % des 500 000 Hindous et Sikhs de Lahore ont fui la ville. Il est pratiquement impossible de maîtriser les incendies.
La troupe a été amenée à tirer. »
Les violences sont d'autant plus intenses que les Britanniques ont accéléré le retrait de leurs troupes et laissent les habitants régler les litiges entre eux. La question du Cachemire, autre région frontalière, sera elle aussi cruciale.
Le lendemain de l'indépendance, France-Soir retranscrit toute la solennité du moment :
« Lentement, une horloge égrena les douze coups de minuit. Un projecteur s’alluma soudain.
Son rayon stria soudain la nuit d’un doigt lumineux et fixa sur le sommet de la citadelle de Lucknow, en plein cœur des Indes, éclairant le drapeau anglais qui depuis quatre-vingt-dix ans n’avait jamais été amené, flottant là-haut nuit et jour en commémoration de la grande victoire que les troupes anglaises avaient remporté en 1857 sur les Cipayes révoltés. Une sonnerie de trompes, brève, se fit entendre.
Lentement, le drapeau descendit pour la première et la dernière fois. Au même instant, à des centaines de kilomètres de là, à la Nouvelle-Delhi, le Pandit Nehru, premier ministre du nouveau Dominion de l’Inde, annonçait à 2 000 membres de l’Assemblée constituante :
“L'heure de notre indépendance vient de sonner.” »