Le cœur de Gambetta enfermé dans son coffret est lui déjà arrivé, à 23 heures de la villa des Jardies où il reposait, sous la protection d’un poilu. Le Matin relate le transport du cœur de Gambetta à Paris avec en Une, une photographie hautement symbolique d’un poilu tenant dans ses bras le coffret contenant le cœur de Gambetta.
« Un soldat de la grande guerre emporte de la chambre où mourut Gambetta aux Jardies le coffret qui renferme le cœur du tribun […].
A la tête du lit, une immense couronne, avec cette inscription émouvante : ‘A Léon Gambetta, les Alsaciens-Lorrains reconnaissants, 1918’. […]
Voilà que sur un signe, deux jeunes soldats de la grande guerre s’approchent du lit et enlèvent avec précaution le cœur de Gambetta. »
On se demande pourquoi ce n’est pas le corps de Gambetta qui est inhumé mais bien son cœur : l’histoire remonte à la mort de Gambetta, le 31 décembre 1882. Il est blessé, de façon mystérieuse, depuis la fin novembre et les journalistes ne savent que faire de l’information : la diffuser, l’occulter ? A l’annonce de la mort de Gambetta, les hypothèses sont nombreuses sur les causes de sa mort, les liens ou non avec cette blessure ou encore les possibles circonstances aggravantes…
« M. Paul Gibier, interne des hôpitaux, a procédé à l’ouverture du thorax ; à l’aide d’une scie à chaînette, il a scié les côtes sur la paroi gauche du tronc. Puis la paroi supérieure de la cage thoracique a été renversée de droite à gauche.
MM. Brouardel et Cornil ont alors extrait les viscères de la cage thoracique ; leurs confrères ont pesé le foie, la rate, les reins, le cœur. »
Devant toutes ces interrogations, le corps de Gambetta est ainsi autopsié comme le raconte Le Petit Parisien du 5 janvier 1883. Le cœur est prélevé du corps et placé dans un coffret où il repose dans la villa des Jardies jusqu’à son arrivée le 10 novembre 1920 sur la place Denfert-Rochereau…
C’est ainsi que le lendemain, le 11 novembre 1920, le cœur de Gambetta et le corps du Soldat inconnu partent tous deux en un même cortège pour le Panthéon. Au Panthéon, le cortège s’arrête et Alexandre Millerand, président de la République, prononce un discours en l’honneur de Gambetta, du Soldat inconnu et de la République.