1898 : l'indépendance cubaine "volée" par les États-Unis
La mainmise des États-Unis sur Cuba a commencé en 1898, avec la fin de la guerre hispano-américaine.
« [Les Américains] déclarent également en déchéance les concessions, contrats ou marchés en cours dans les territoires de Cuba, de Porto-Rico ou des Philippines. »
Ces quelques lignes perdues dans un article du Temps du 10 décembre 1898 semblent anodines. Elles scellent pourtant le sort de toute la population cubaine. Sort décidé par la signature du traité de Paris qui met fin à la guerre entre l’Espagne et les États-Unis commencée le 25 avril et remportée par ces derniers.
Durant ce conflit, les États-Unis avaient en effet apporté leur soutien aux troupes indépendantistes cubaines dans leur révolte contre la couronne espagnole, propriétaire de l’île depuis le XVIe siècle. Cette campagne ayant abouti à la libération de Cuba, il restait aux deux puissances à mettre fin à leurs différends par un traité, chose faite le 10 décembre à Paris. C'est la fin de l’Empire colonial de l’Espagne, qui est contrainte de renoncer à sa souveraineté sur Cuba, Porto Rico, Guam et les Philippines.
Le 10 décembre 1898 est donc, officiellement, la date d’indépendance de Cuba. En réalité, elle signifie la prise de contrôle des États-Unis sur l’île. Ces derniers, en effet, ont empêché les délégués de l’Armée de libération de participer aux pourparlers de Paris, affichant ainsi clairement leur mépris pour la lutte d’indépendance du peuple cubain, pourtant débutée en 1868 et qui avait fait 200 000 morts, soit 1/8e de la population, depuis 1895.
Dans des termes précisés par le traité, les Américains annexent Porto Rico, établissent un protectorat aux Philippines et occupent Cuba, où leur ingérence restera profonde jusqu’en 1934 et la révocation de l’amendement Platt, qui instituait la mainmise américaine sur l'île.