Écho de presse

"L'incommensurable orgueil boche"

le 04/06/2018 par Marina Bellot
le 06/09/2016 par Marina Bellot - modifié le 04/06/2018
Sur la Somme, artillerie lourde anglaise : [photographie de presse] / [Agence Rol] - Source Gallica

Il y a un siècle, la bataille de la Somme faisait rage. Les journaux allemands et français se livraient eux aussi bataille.

La bataille de la Somme (1er juillet - 18 novembre 1916) fut la première offensive conjointe franco-anglaise de la Grande Guerre.

Comme pendant la bataille de Verdun, qui se déroule à la même période, les journaux relatent jour après jour cette guerre de position, en se faisant fort de soutenir les soldats français et d’entretenir l'espoir.

Ainsi, Le Petit Parisien du 7 septembre se veut optimiste :

"L'ennemi paraît s'inquiéter d'une façon toute spéciale de notre progression au sud de la Somme, ce qui n'est point pour nous surprendre. En tout cas, c'est de ce côté qu'il contre-attaque avec le plus d'obstination. (...) Les Allemands, en Picardie, paraissent ne plus pouvoir aller en avant. C'est donc qu'ils sont condamnés à reculer, et je crois bien qu'ils s'en doutent. Tout leur effort tend du reste à ne pas le faire trop précipitamment."

Dans Le Temps du même jour, la presse allemande est moquée, justement, pour son excès d'optimisme : 

"La presse allemande s’efforce vainement de présenter la situation sous un jour favorable ; le major Moraht, dans le Berliner Tageblatt, prétend envisager l’avenir avec calme. « Le plan de nos ennemis, dit-il, d’élargir leur front d’attaque vers le nord et vers le sud ne leur a pas encore réussi. Les Anglais ont dû reconnaître que leurs efforts au nord de la ligne Albert-Arras étaient demeurés vains ; les Français ont fait la même expérience dans la région de la ligne Amiens-Nesle, en dépit du violent feu d’artillerie qu’ils avaient dirigé contre nos tranchées. » ! Les efforts des Anglais pour élargir leur front d’attaque au nord n’ont jamais existé que dans l’imagination du major ; quant à notre expérience au sud de Vermandovillers, elle a parfaitement réussi, puisqu’avant-hier nos soldats ont enlevé toute la première ligne allemande sur une étendue de quatre kilomètres et se sont emparés du village de Chilly sans coup férir."

Quant à La Lanterne, elle n'est pas en reste :

"Herr Balilin, directeur en disponibilité, de la Hamburger-Amerika-Linie, affirme que les victoires, ni les triomphes, ne seront d'aucun effet, car les nerfs Allemands sont plus résistants que les nerfs de tous les autres humains.

Fantaisies absurdes, puisées dans l'incommensurable orgueil boche. M. Ballin sait aussi bien que M. Harden le caractère fatal de la catastrophe germanique, mais il se grise encore de cette sottise métaphysique : « L'Allemagne ne peut pas être vaincue ! » Or, il n'y aura pas plus de miracle boche qu'il n'y eut de miracle français."

La sanglante bataille prit fin le 18 novembre 1916. Les soldats en sortirent usés dans les deux camps : il n'y eut en réalité ni vainqueurs ni vaincus.