La campagne d’Égypte (3/4) : la bataille d'Aboukir
Dans une dépêche officielle, Bonaparte raconte l'ultime bataille de la campagne d’Égypte, le 25 juillet 1799, contre une armée anglo-turque supérieure en nombre.
Égypte, juillet 1799. Bonaparte, à peine revenu de l'expédition désastreuse en Syrie, apprend qu'une flotte anglo-turque venue de Rhodes est arrivée en rade d'Aboukir, près du Caire. La composent 13 vaisseaux de lignes, 9 frégates, 17 chaloupes-cannonnières et 74 bâtiments de transports, le tout commandé par l'amiral Horatio Nelson. Bonaparte décide d'agir vite et rassemble les troupes à sa disposition, soit une petite armée de moins de 7000 hommes. Puis il fonce à Alexandrie et de là, marche sur Aboukir.
L'armée ottomane compte 18 000 hommes, tout juste débarqués sur la presqu'île d'Aboukir. Derrière eux, c'est la mer. Bonaparte ordonne l'attaque. Il raconte la bataille dans une dépêche publiée en France le XIV vendémiaire de l'an VIII (6 octobre 1799) :
"[…] à six heures du matin, je suis en présence de l'ennemi. Le général Murat commande l'avant-garde : je fais attaquer la droite par le général Lasnes qui commandait la gauche […]. Une très-belle plaine séparait les deux colonnes ennemies : notre cavalerie parvint à les couper entièrement. La colonne droite n'eut d'autre moyen de salut que de se jeter à la mer pour aller rejoindre les barques qui étaient à trois quarts de lieues du rivage ; tous ceux qui la composaient furent noyés, c'était le spectacle le plus affreux que j'eusse jamais vu."
Débarrassé de la colonne droite, Bonaparte jette son armée sur la gauche, retranchée dans le village d'Aboukir. Les vaisseaux anglais, mouillés à six kilomètres de là, ne peuvent intervenir.
"On fit une horrible boucherie de l'ennemi […]. Ceux qui ne furent pas moissonnés par notre fer se jetèrent à l'eau, tout se noya. Alors je fis investir le fort d'Aboukir, où était la réserve et où se sont réfugiés les fuyards les plus alertes. Pour épargner le sang, j'ai fait placer six mortiers pour bombarder le fort."
C'est une victoire pour les Français, la dernière de la campagne d’Égypte. Les forces armées de Bonaparte ont grandement diminué, il sait qu'il ne pourra plus engager d'expédition d'importance sans risquer une capitulation. Apprenant en outre qu'en France, la population ne fait plus confiance au Directoire qui a subi diverses défaites militaires, il voit dans la situation un terrain propice à ses ambitions et décide d'y revenir.
Le 23 août, Bonaparte quitte le pays, en secret, abandonnant le commandement au général Kléber. C'est la fin de la campagne d’Égypte. Le bilan militaire et diplomatique est catastrophique. Mais le bilan archéologique, lui, est exceptionnel... (à suivre...)
Retrouvez les premier et deuxième volets consacrés aux campagnes d'Égypte.