Été 1943 : la bataille de Koursk
L’hiver 1943 a porté un coup d’arrêt à l’offensive orientale allemande, et Koursk met un terme définitif aux ambitions du Reich. En France, l'occupant veille à ce que les médias ne laissent rien percevoir de cette défaite.
Sa sixième armée anéantie à Stalingrad, l'armée allemande décide de lancer la quasi intégralité de ses forces dans la bataille : c'est l’opération "Zitadelle". La presse française de la zone occupée va de la discrétion au triomphalisme. L'Echo d'Alger donne lui un autre écho à l'opération militaire : tout en reconnaissant les avancées allemandes des débuts il n'occulte pas le caractère décisif de la contre-offensive de l'Armée Rouge.
Dans la rubrique "La Grande Réserve de la propagande Allemande", l’Echo d’Alger du 9 juillet 1943 met en lumière le changement de ton de Radio Paris : pas de triomphalisme, l’ennemi est présenté comme une « forte nation militaire » qui malgré les nombreux revers sacrifie tout pour la guerre. L'Echo d’Alger interprète ainsi les propos de la radio collaboratrice :
"Le ton employé notamment par la presse parisienne, donne à croire qu’elle a reçu pour consigne de préparer l’opinion à un échec possible."
Dans ce même numéros, le journal dévoile de manière bien moins partisanne que le reste de la presse les premières mais fragiles percées de l’offensive allemande ainsi que l'ampleur de l'implication des forces blindées.
"Un des plus rudes combats de tanks de la guerre se déroule aujourd'hui sur les étendues plates qui entourent Koursk et où les Allemands s'efforcent d'élargir de petites brêches creusées dans les lignes soviétiques".
L'Echo d'Alger donne également à comparer les communiqués russe et allemand : celui du futur vainqueur est bien plus étoffé que la courte dépèche diffusée par l'Axe.
Le Journal des Débats Politiques et Littéraires du 9 juillet 1943 n'hésite pas à relayer la propagande la Wermacht, sa restitution des faits oscille entre incertitudes et inexactitudes.
"A Berlin, on demeure très discret sur la portée de cette percée et l'on estime que des détails ne pourront pas être donnés à ce sujet avant deux ou trois jours".
Le journal insiste ostensiblement sur les pertes de l'Armée Rouge et relègue au rang de fantaisies les chiffres publiés par Moscou. Sur le plan stratégique, le rédacteur suis la ligne de l'armée allemande : ce sont les Russes qui ont attaqué.
"Quant à l'origine même de cette bataille, les soviets continuent d'affirmer qu'elle doit être attribuée à une initiative offensive des Allemands".
Selon le Petit Parisien du 10 Juillet 1943 : l'Allemagne triomphe. Tout en évoquant la grande violence des combats la une du journal annonce "une percée de 60 kilomètres", l'importance des combats de char n'a pas non plus échappée au Petit Parisien, seulement il ne relate que les pertes soviétiques.
"Dans ces actions, l'ennemi a perdu, outre un nombre d'hommes élevés, 420 chars de plus".