1862 : La guerre des sioux
En 1862, un violent conflit armé oppose les États-Unis à la tribu des Dakotas, menée par le chef indien Little Crow. Les Dakotas seront presque anéantis.
En 1851, un traité conclu entre les Indiens Dakota (aussi appelés Sioux) et les États-Unis prévoit que les premiers abandonnent la plus grande partie de leurs terres, en échange du versement annuel d'une somme d'argent. Mais tout au long des années 1850, les paiements se font souvent attendre : la misère et la faim se répandent chez les Dakotas orientaux (les Santees). Les colons à qui ils sont contraints d'acheter de la nourriture refusent de leur faire crédit : « S'ils ont faim, qu'ils mangent de l'herbe ou leur propre merde », aurait déclaré Andrew Myrick, l'un de ces marchands.
En 1862, les demandes répétées de négociation de la part des Dakotas, menées par le chef Little Crow, aboutissent à une impasse. C'est alors le début du soulèvement qu'on appelle "guerre des Sioux", ou "guerre de Little Crow". Le Temps du 9 septembre raconte :
« C’est dans les environs de Forest-City, près de la petite ville d’Acton, que se sont produits les premiers symptômes du soulèvement. Dimanche 17, et dimanche 18 août, les attaques se sont succédé contre les blancs, et depuis lors elles n'ont pas cessé. On estime à 500 le nombre de blancs massacrés par les Sioux. »
Les massacres ont lieu le long de la rivière Minnesota, dans l’état du même nom, d'où les Dakotas tentent de chasser les Blancs. Le Temps détaille les violences commises par les Indiens :
« Quelques Indiens soit-disant civilisés s’étaient joints à leurs frères civilisés et les surpassent en férocité. Tous les missionnaires ont été tués. Les Peaux-Rouges n’ont épargné ni l’âge ni le sexe.
À Beaver-Creek, plus de cinquante familles ont péri. Sur les routes, dans les sentiers, on rencontre des cadavres horriblement mutilés ; ici, c’était une femme massacrée avec son enfant dans les bras, les mamelles coupées et les jambes presque arrachées du tronc ; plus loin, c’était un vieillard scalpé, le crâne à nu et baignant dans son sang ; partout c’était un spectacle d’horreur, dont les plus effroyables peintures donneraient à peine une idée. »
Les attaques se poursuivent et au cours des mois suivants, de nombreuses batailles opposent colons et guerriers sioux. L'armée de terre des États-Unis intervient : fin 1862, la guerre s'achève par la reddition de la quasi-totalité des Dakotas. À la fin du mois de décembre, les soldats ont fait prisonniers plus d'un millier d'entre eux. Beaucoup mourront en prison.
Lors de son second discours annuel devant le Congrès, le président Abraham Lincoln évoque le conflit (cité par Le Constitutionnel du 18 décembre) :
« Sur nos frontières, les tribus indiennes ont manifesté, l'année dernière, un esprit d'insubordination, et sur plusieurs points elles sont entrées en hostilité ouverte contre les établissements blancs de leur voisinage. [...] Au mois d'août dernier, les Indiens Sioux, dans le Minnesota, ont attaqué les établissements de leur voisinage avec une extrême férocité, tuant indistinctement hommes, femmes et enfants. Cette attaque était complètement inattendue et en conséquence on n'avait préparé aucuns moyens de défense.
On estime que les Indiens n'ont pas massacré moins de 800 personnes, et que des propriétés pour une grande valeur ont été détruites. »
Le chiffre de 800 hommes ne peut être vérifié, car il n'y eut jamais de rapport officiel sur le nombre de colons tués. Lincoln ajoute :
« L’État du Minnesota a souffert de grands dommages par le fait de cette guerre indienne. Une grande portion de son territoire a été dépeuplée, et des pertes graves ont été le résultat de la destruction des propriétés. Le peuple de cet État manifeste un ardent désir de voir éloigner les tribus au-delà des limites de l’État, comme garantie contre des hostilités futures. [...]
Je soumets à votre considération spéciale la question de savoir si notre système indien ne doit pas être refondu. Beaucoup d'hommes sages et intelligents sont convaincus que cela serait profitable. »
En décembre, un procès a lieu, au terme duquel 38 Dakotas sont pendus. C'est la plus grande exécution de masse de l'histoire du pays. Little Crow, quant à lui, est tué le 3 juillet 1863. En France, Le Siècle publie sa nécrologie le 3 septembre : "On annonce la mort : […] En Amérique, du chef des Indiens Sioux révoltés, Little Crow, tué en combattant les troupes fédérales du brigadier général Sibley."