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Eva Braun, portraits de presse de la femme du Führer

Quasi-invisible médiatiquement de son vivant, l’amante d’Hitler devient, à la suite de la guerre et de leur double suicide, un sujet de fascination pour les journaux français. Les cendres de Berlin encore chaudes, la femme du Berghof se transforme dès lors en mythe.

Née le 6 février 1912 à Munich, Eva Braun devient en 1927 l’assistante de Heinrich Hoffmann, photographe officiel du NSDAP, poste grâce auquel elle aurait rencontré Hitler en 1929, de 23 ans son aîné. Si nous disposons que de très peu d’informations sur la vie d’Eva Braun avant 1929, ses apparitions dans la presse française et étrangère débutent le 8 octobre 1938 en France, date à laquelle elle est mentionnée pour la première fois dans un article de Paris-soir « Si Hitler avait une femme », et probablement, à partir du 18 décembre 1939 aux États-Unis, où le Saturday Evening Post aurait publié ce qui semble être le premier article qui lui soit totalement consacré.

La presse l'évoque d'abord exclusivement en tant qu’assistante-photographe, puis petit à petit en tant que maîtresse du Führer. L’épineuse question de la rencontre des deux amants en soulève d’autres bien plus intrigantes : à travers le portrait d’une Eva Braun tantôt oubliée, décrédibilisée ou mise en avant par la presse française de l’époque, est-il possible de connaître le vrai visage de celle qui semble toujours se confondre dans l’ombre du Führer ?

Eva Braun : une femme parmi d’autres auprès d’Hitler ?

Les relations maritales d’Hitler ayant apparemment changé le cours de l’histoire, la presse française s’y intéresse dès 1932. L’homme qui paraît porter un mépris sans limite à l’inférieure gente féminine est rapidement « entré en guerre » avec ces dernières, selon L’Écho d’Alger. Parfois décrit comme un « ascète en uniforme », par Voilà, l’hebdomadaire du reportage, les fréquentations féminines du Führer font parler la presse française.

Mais qui sont ces femmes ayant intégré les plus hautes sphères nazies ?

Surnommé « L’homme sans femme » ou l’homme aux « femmes enfants » dans l’article de Jacques Prévotière dans Paris-Soir, la presse met en lumière les quatre femmes qui auraient conquis le Führer. De l’actrice devenue cinéaste aux débuts légèrement vêtus, Leni Riefenstahl, en passant par l’aristocratie anglaise avec Unity Mitford, les relations de Hitler sont au moins moralement douteuses et sont au mieux tragiques. Le mystérieux suicide de la « girlfriend » d'Hitler en établit un précieux résumé.

Décrit comme un homme réticent à accorder sa confiance au sexe opposé, Hitler semble éprouver une appréhension envers les femmes sans pour autant les négliger. Si ces dernières sont présentées comme voulant devenir les épouses de ce grand chef en devenir, il semble que depuis le suicide de sa jeune nièce, le « seul amour qu’il entretient » selon Jacques Prévotière dans Paris-Soir, est celui qu’il a pour l’Allemagne.

Le politicien, alors largement perçu comme timide et réservé, est associé au destin tragique des femmes avec qui il a entretenu des relations. Lorsqu’il ne considère pas que « Dieu a destiné la femme aux soins du ménage » selon Gringoire, il garde caché du public les relations intimes qu’il peut entretenir. Et pour cause, avant même que la guerre ne soit déclarée, deux femmes tentent de mourir pour lui. Sa jeune nièce Geli Raubal et l’Anglaise Unity Mitford usent toutes deux d’un pistolet pour mettre fin à leurs jours.

Ces destins tragiques associés au Führer et l’intérêt majeur qu’accorde la presse à sa vie privée établissent la représentation d’un homme qui comprend l’importance du pouvoir que les femmes qu’il fréquente a sur son avenir.

Cependant, une femme, longtemps absente des périodiques, est sujette à de nombreux questionnements : Eva Braun. Il faut attendre, on l’a dit, l’article de Paris-Soir en 1938 pour que son nom soit pour la première fois mentionné. Alors décrite comme superficielle, elle est présentée au grand public comme l’assistante d'Hoffmann, photographe officiel du Führer :

« Mais au fond; qu’est-ce qu’Eva Braun ? Juste un parfum léger ! »

Si elle apparaît dans la presse américaine en 1939, il faut a priori attendre 1943 pour que des Français relisent son prénom, dans Images. Là encore, elle n’est que souvenir et passé. Ce n’est donc finalement qu’en 1945, avec la défaite de l’Allemagne nazie, que les médias français et outre-Atlantique vont lui donner une place réellement importante.

De simple assistante ou décoratrice à maîtresse du Führer, qui est cette Munichoise qui a tant bien que mal échappé à la presse ? Une simple amante parmi d’autres ? Ou la femme qui a mis fin à ses jours au côté d’Hitler ?

Les paradoxes d’Eva Braun : un rôle non conforme à l’idéal nazi

En 1945, la presse française tente de mettre à nu l’idylle discrète du couple nazi. Alors qu’un peu plus tôt, on saluait avec ironie le courage de cette “excellente femme d’intérieur”, le rideau tombe après leur suicide, entraînant avec lui un fatras de rumeurs.

À la fin du conflit le plus meurtrier de l’histoire, Hitler est l’incarnation du mal et continue de hanter les esprits, mais la figure d’Eva Braun, elle, reste ambiguë. Tantôt décrite comme “blonde, frivole” ou comme “pompadour laide” dans France-Soir, les journaux veulent en savoir plus sur celle qui suscita l’amour d’un homme aussi cruel. Ironiquement, on découvre alors une femme de classe moyenne ordinaire, amatrice de gymnastique et de jazz, de vingt-trois ans sa cadette… Bien loin de correspondre à l’archétype de l’“aryenne” glorifiée par la propagande nazie, Eva Braun est dépeinte comme une midinette rêvant de devenir artiste.

De fait, elle ne se restreint pas au foyer ou à l’église, et travaille déjà activement lorsqu’elle rencontre son bien-aimé, à seulement 17 ans. Alors que dans son article du 11 août 1935, le Petit Troyen relayait la doctrine hitlérienne selon laquelle les femmes doivent se consacrer aux soins du ménage et sont bannies des controverses politiques”, Eva Braun semblait faire exception à la règle nazie.

Pendant treize années consécutives, Hitler profite de la censure pour cacher ce lien simili-conjugal à son pays et cultiver l’image d’un amant uniquement fidèle à sa patrie. Mais cet adage fait (tardivement) sourire une partie de la presse, tout en minimisant les descriptions diabolisées du Führer : comment cette jeune femme à la simplicité déconcertante pourrait-elle tomber sous le charme du plus grand dictateur du XXe siècle ?

À l’inverse, alors que la guerre mondiale a débuté depuis quelques mois, certains journaux comprennent difficilement comment un homme comme Hitler “ait décidé de prendre femme au moment où il a le plus grand besoin de fermeté et d’esprit de décision”. Qui plus est une demoiselle capricieuse, qui n’hésitait pas à froncer les sourcils lorsque les discussions politiques s’éternisaient au Berghof, le “nid d’aigle” où elle passait le plus clair de son temps et “se faisait présenter les dernières nouveautés de la couture par des mannequins venus tout exprès”.

Ce paradoxe est d’autant plus surprenant qu’Eva Braun est loin de rivaliser avec la perfection aryenne incarnée par la figure de Magda Goebbels, qui apparaît dans les années 1930 comme la véritable première dame du Reich, mariée au ministre de l’éducation populaire et de la propagande. Devenue une nazie fanatique, Magda joue un rôle de modèle pour toutes les femmes allemandes. Surnommée la « dictatrice » de la mode en Hitlérie par l’hebdomadaire Aux Écoutes dès 1933, elle est aussi une mère dévouée chez qui Hitler aime passer ses après-midis. Le quotidien chrétien-démocrate L’Aube ira jusqu’à relayer, en octobre 1946, l’existence du fils caché d’Hitler et de Magda Goebbels...

Toutefois, malgré des origines et des parcours de vie spécifiques, Magda Goebbels et Eva Braun ne sont en réalité pas si différentes. Elles seraient en fait plutôt les deux faces d’une même pièce. Si l’une incarne l’idéal nazi, médiatisée et connue du public français de son vivant, l’autre serait plutôt l’ombre secrète de Hitler. Pour autant, elles partagent un destin commun : le suicide accompagné de leur époux à l’heure de la défaite. Eva Braun devient alors la troisième femme à mourir par amour pour le chef allemand. Son suicide marque le début de sa médiatisation et de la création de légendes autour de sa personne. Au lendemain de la défaite allemande, cette femme est sujette à de multiples interrogations, la plupart demeurant sans réponse.

Eva Braun mise en lumière après 1945

A l’issue de la guerre, un nouveau récit s’écrit lié à la défaite du Führer et à son suicide. Eva Braun devient ainsi “EB”, amante, maîtresse, égérie voire épouse, acceptée à l’ultime fin.

Adolf Hitler aurait eu bien des maîtresses. C’est ce qu’affirme toujours le quotidien Nuit et Jour en juin 1945, ainsi Eva Braun en serait une parmi d’autres, “et pas la première.” Justement, Eva Braun représente un mystère : était-elle aimée ? Était-elle consciente de ce que le Führer entreprenait ? Ces questions ne sont pas sans réponse, mais la presse française de l’année 1945 semble avoir du mal à s’accorder sur un unique portrait de la jeune femme éprise “du plus grand Homme du monde”.

À commencer par son physique. Elle est tantôt décrite comme “une femme brune, ni laide ni belle, insignifiante et sans personnalité”, alors que des photographies montrent une femme soignée plutôt châtain clair (Point de vue, 17 janvier 1946).

En fait, concernant Eva Braun, rien n’est limpide. Ce dilemme d’une femme que l’on ne cerne pas s’articule largement autour de de la thématique de la victime. Eva Braun serait ainsi aussi bien victime de sa supposée laideur ou de son manque de charisme qu’elle le serait concernant l’amour que le Führer ne lui porte pas : “Il n’épousa Eva Braun que lorsqu’il réalisa qu’il était perdu”, écrit La Dépêche de Constantine en janvier 1946.

La presse française va malgré tout s’intéresser à son rôle politique. Elle tente de comprendre l’implication de cette dernière dans l’idéologie nazie, au sein du parti, mais aussi son influence sur les décisions politiques de Hitler. Consciente de la politique que menait son bien-aimé, ou au contraire totalement indifférente, Braun apparaît bien comme une énigme à résoudre. Là encore, les récits se contredisent. Selon Nuit et jour, Eva Braun serait devenue en quelques mois l’un des “premiers personnages du Reich” au courant de la plupart des secrets d’État. Au contraire, selon La Dépêche de Constantine :

“Hitler ne fit jamais de confidences politiques à Eva Braun, qui ignorait tous les secrets d’État.”

Dans le reportage daté du 24 mai 1945, et envoyé depuis Berchtesgaden par Jean Maurice pour France-Soir, on trouve une description d’Eva Braun, surveillant et goûtant la moindre chose que Hitler voudrait manger. Tellement minutieuse et attelée à la tâche qu’elle “régnait sur le Berghof”. Eva Braun est aussi dépeinte comme l’archétype de la diva capricieuse. Son emprise sur la vie de Hitler, d’abord superficielle, paraît alors avoir pris de plus en plus d’ampleur au fil des années. À la fin de ce même article, le correspondant de guerre en vient même à écrire qu’Eva Braun contrôlait tout, non seulement les plats servis, mais aussi les distinctions et promotions, jamais accordées sans son aval.

Toujours en 1945, France-Soir publie un nouveau témoignage, centré cette fois sur la mort du couple, qui explore lui aussi le rôle politique d’Eva Braun. Ces propos recueillis de la bouche d’un ancien garde du corps, Hermann Kernau, mettent en avant le dévouement de cette femme qui semble avoir “joué un vrai rôle de conseillère politique, surtout dans les dernières années de la guerre”.

L’implication politique d’Eva Braun paraît d’autant plus cruciale que cette dernière aurait été celle qui, quelques heures avant la chute de Berlin, proposa à Hitler de l’épouser. Une proposition d’autant plus importante qu’Eva Braun est sans doute la seule personne qui meurt aux côtés du Führer. Sujet de fascination, ce mariage de dernière minute soulève une question quant à l’implication d’Eva Braun dans le suicide de Hitler. Serait-ce elle qui en aurait eu l’idée ? Doit-on le lire comme une opportunité politique ou une preuve d’amour ?

Ce suicide à deux suscite d’autant plus de questionnements qu’il nourrit, en France comme de l’autre côté de l’Atlantique, des rumeurs selon lesquelles après mai 1945, Eva Braun serait encore en vie. C’est le cas de Nuit et jour le 18 octobre 1945, qui présente la femme “morganatique” d’Hitler (lui même en fuite dans le Tyrol), comme tombée aux mains des Américains alors qu’elle se rendait à Munich déguisée en femme de chambre. C’est aussi le cas dans le New York Times du 17 juillet 1945 comme de la Dépêche de Constantine deux ans plus tard. Chacun à leur manière, ces journaux témoignent de cette obsession d’une potentielle réapparition de l’un des membres du couple, qui perdurera bien au-delà du printemps 1945.

Durant l’été 1948, la presse se fait d’ailleurs l’écho d’un procès intenté en Allemagne contre le couple, au cas où ils ne seraient pas morts. On apprend ainsi qu’Eva comme Adolf vont, à partir de témoignages de témoins et du “testament d’Hitler”, être accusés “d’avoir réalisés des bénéfices excessifs”, et donc classés “dans la catégorie des grands coupables” par un procureur allemand.

Pour autant, et contrairement par exemple à Marta Goebbels, les apparitions publiques d’Eva Braun semblent s’être comptées sur le doigt d’une main. Conseillère politique peut-être, mais sûrement pas affichée aux yeux de tous comme en témoigne un article de Paris-Presse de mai 1945 fondé sur le témoignage de Lina Schroeder, la secrétaire d’Hitler. Assurant que les discussions politiques et militaires se déroulaient le soir à l’heure du thé, elle nuance le rôle politique d’Eva Braun, qui n’y assistait point et ne venait rendre visite au Führer qu’après ces dernières, et encore, uniquement “quelquefois”.

Plus qu'absente, Eva Braun tend à nouveau à être décrite comme profondément dévouée  au Führer. Dans un article du même journal daté d’août 1946, on apprend que la compagne d’Hitler en venait à suivre le même régime alimentaire que ce dernier, les plats servis n’étant cette fois pas goûtés, comme l’affirmait France-Soir, par Eva Braun, mais via l’intermédiaire d’une “fille de cuisine”.

Eva Braun à l’ère du faux et des fantasmes

Cette intimité complice serait également prégnante dans le journal intime d’Eva Braun. Celui-ci est dans d’abord évoqué au mois de novembre 1945, où l’on annonce qu’il aurait été retrouvé en Bavière par une radio anglaise ou les services secrets américains. A cette date, une photographie d’Hitler et Braun avec deux enfants fait même courir la rumeur d’enfants nés au sein du couple.

Cependant, c’est la soi-disant traduction française de 1948 aux éditions du Cheval Ailé (connue pour avoir édité des textes d’anciens responsables de Vichy ou d’écrivains français interdits par le CNR), qui va faire couler de l’encre. Précédé par un texte de Douglas Lawrence Hewlett au sujet d’« Hitler et les femmes », le manuscrit, déposé dans une banque suisse, aurait été remis par Eva Braun à son ami l’ingénieur et acteur tyrolien Louis Trenker en 1944. France-Soir le publie en feuilleton entre le 20 avril et le 22 mai 1948, accompagné d’une titraille pour le moins tapageuse.

« Les historiens qui se pencheront sur l’âme monstrueuse de Hitler disposeront d’un document numéro 1 : les carnets intimes d’Eva Braun.

Pendant plus de sept ans, celle qui, après avoir été simple dactylo, devait devenir Mme Hitler quelques heures avant sa mort wagnérienne sur le bûcher de la Chancellerie, à Berlin, a noté dans son journal les étapes de sa liaison avec le maître du Troisième Reich, des détails intimes sur son terrible amant, des scènes auxquelles furent mêlés les grands seigneurs du nazisme.

C’est ce témoignage sensationnel que nous commençons à publier aujourd’hui. »

En plus de multiples révélations sur les dirigeants nazis, quel portrait permet-il de faire d’Eva Braun ? On y voit notamment la souffrance d’une amante suicidaire, jalouse des autres femmes que son amant rencontre, et à jamais dévouée à celui qu’elle aime.

« Je ne peux naturellement pas me rendre aussi jolie, mais aucune autre femme ne te sera aussi dévouée que moi, aucune autre ne renoncera autant à ses joies personnelles pour te plaire. »

C’est un portrait d’une femme faisant tout pour plaire au Führer, dont la vie est rythmée en fonction de l’attitude d’Hitler, soumise à ses fantasmes. Le journal est aussi une preuve de la complicité d’Eva, qui paraît implicitement au courant de ce qui se passe en Allemagne nazie, sans pour autant prendre part à l’idéologie.

Il donne lieu à quelques courts comptes rendus dans le reste de la presse. Précédé d’« une étude sérieuse et curieuse d’un petit côté de l’histoire » sur Hitler et les femmes, il révèle pour Le Mercure de France, la répugnante hypocrisie de Hitler. L’Aube précise seulement qu’il paraît dans la même collection que Ma vie avec Benito Mussolini de Rachele Mussolini, la deuxième femme du Duce.

Face à ces « révélations », toute la presse n’est pas dupe. Pour L’Humanité, il s’agit « d’ineptes élucubrations » dont « la grande presse est pleine ». Et comme le journal Libération qui le considère comme un des textes apocryphes de l’époque, ou Le Populaire qui parle de fariboles, les communistes ont raison ! A l’automne, le texte est annoncé comme un faux – Trenker dira dix ans plus tard qu’il s’agissait d’une plaisanterie. Effectivement, truffé de révélations croustillantes (Hitler ordonnant à Eva de porter des sous-vêtements en peau de chevreuil, ou de prendre des bains d’huile d’olive chaude), il est de nouveau évoqué en 1951 par la très sérieuse Revue historique comme un texte « érotique », plein des « ragots qui circulaient dans l’entourage d’Hitler ».

Le manuscrit va aussi faire polémique en Allemagne, où il est l'objet de plaintes déposées notamment par les familles de Braun et de Leni Riefenstahl – laquelle aurait dansé nue devant le dictateur.

La figure d’Eva Braun réapparaît ainsi périodiquement dans la presse. En 1952, l’ouvrage sur Hitler Dix jours pour mourir, publié aux États-Unis en 1950, et tiré d’une investigation menée en 1948 sur la mort du dictateur, est diffusé en France. Le récit de Michael Musmanno, présenté par L’Aurore comme juge interallié au Tribunal de Nuremberg, fait lui aussi un portrait largement romancé d’Eva Braun. Il fabule ainsi la rencontre avec Hitler de 1933 ou une scène d’explication entre Hitler et les parents d’Eva, qui auraient toujours refusé cette liaison sans qu’Hitler n’en fasse grand cas.

Souvent teintée de sensationnalisme, la figure d’Eva Braun se présente donc comme une énigme difficile à résoudre à la lecture des articles parus dans l’après-guerre. Le portrait qui toutefois domine cette période, c’est celui d’une femme soumise, discrète, qui n’aurait pas exercé d’influence significative sur le Fürher comme sur l’histoire. Aujourd’hui encore, c’est cette persona médiatique post-mortem d’Eva Braun qui prévaut dans la culture populaire et que l’on associe à sa mémoire.

Victoria Bennardi, Louise Broust, Eléonore Errard et Eva Manissolle sont étudiantes en deuxième année à Sciences Po Paris, et ont été encadrées dans la rédaction de cet article par notre collaboratrice Rachel Mazuy.