Entre 1914 et 1918, quelque 450 journaux amateurs ont été rédigés, illustrés et imprimés depuis le front par des soldats français. Fabriqués de manière souvent artisanale entre deux batailles, marqués par la mélancolie, la peur, et la mort, ces feuilles avaient pour dessein de montrer à leurs lecteurs – souvent les Poilus eux-mêmes, leurs officiers, mais aussi de nombreux civils – la réalité brute de la Première Guerre mondiale, à un moment où celle-ci était systématiquement dissimulée par la « vraie » presse, censurée et mensongère.
Enrobés d’un humour féroce, sombre comme les longues heures passées à attendre dans les tréfonds des « boyaux », ces journaux de soldats revenaient sur les nombreux tracas du quotidien – rats, poux, faim, blessures –, ses rares plaisirs – souvent liés aux visions surgies de l’alcool – et les innombrables peurs et haines ressenties par de jeunes hommes contraints de participer à une entreprise qui les condamne, sinon à la mort, au désespoir.
Dans une majorité de cas, ces feuilles furent rédigées par une certaine catégorie de soldats, issus des classes moyennes urbaines éduquées, petite élite instruite à l’échelle des conscrits. Moins d’un tiers étaient de simples soldats. Aussi, seuls 60 % de ces journaux dits « de tranchées » ont été rédigés au sein d’un régiment d’infanterie, c’est-à-dire directement depuis le front.
Du Ver luisant à la Greffe générale, de L’Écho des gourbis à Hurle, obus, RetroNews revient sur ces journaux écrits par des commentateurs de première main et les thèmes qui y étaient abordés, documents inestimables résumant la pensée d’hommes ayant participé au premier traumatisme du XXe siècle.