Écho de presse

La création de la SNCF

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 30/08/2016 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018
Locomotive roulant au mazout, circulant entre la gare dAusterlitz et Tours ; 1920 - Source BnF

Le 31 août 1937, un décret-loi donne naissance à la Société nationale des chemins de fer.

Le 1er septembre 1937, une nouvelle fait la une de la plupart des journaux : la création de la Société nationale des chemins de fer (c'est-à-dire la SNCF), constituée le 31 août par un décret-loi. Jusque-là, les chemins de fer français étaient en effet gérés par l’État, mais aussi par plusieurs compagnies privées. Mais à l'époque, celles-ci sont toutes déficitaires. La seule solution est donc la nationalisation et la création d'un réseau unique.

 

Au terme de longues négociations, la Société nationale nouvellement créée fusionne donc les activités et le personnel de l’État, des grandes compagnies ferroviaires privées (Compagnie du Nord, Paris-Lyon-Méditerranée, Paris-Orléans-Midi, Compagnie de l'Est) et des réseaux d’Alsace-Lorraine administrés par l’État. Définie comme société anonyme mixe régie par le code du commerce, elle est créée pour une durée de 45 ans. 51% du capital revient à l’État, 49% aux sociétés représentant les anciennes compagnies privées.

 

La création de la SNCF s'inscrit dans la politique économique du Front populaire, alors au pouvoir, qui vise à nationaliser les industries vitales pour le pays en vue de les rationaliser sur l'ensemble du territoire. Elle suscite des réactions variables dans la presse. L'Humanité se montre favorable au décret, mais regrette que le gouvernement Chautemps-Blum n'ait pas pris de décret instituant la retraite aux vieux travailleurs :

 

"Pour notre part, nous n'avons cessé de défendre la cause des vieux ; nous avons montré combien il y aurait d'injustice à ne pas réaliser le point du programme du Front populaire qui les concerne en même temps qu'il concerne les jeunes, puisqu'il s'agit en somme de donner du travail aux jeunes et du pain aux vieux."

 

Le Journal des finances du 10 septembre, quant à lui, se montre sceptique sur l'organisation de la Société nationale, contrôlée par l’État mais prenant la forme d'une organisation commerciale :

 

"Ce système est baroque. On ne le comprend que comme une création de politiciens qui se sont chamaillés sur le mode d'exploitation (régie ou concession) et qui n'ont pu se mettre d'accord que par une formule de transaction : régie réelle sous l'apparence d'une concession. […] Dans un régime démagogique, l'exploitation en régie d'un service public est faite non pas pour l'intérêt général mais pour le bénéfice du personnel ouvrier, sous la pression de surenchères électorales continuelles."

 

Interviewé dans L’Écho de Paris du 1er septembre, le chef du gouvernement Camille Chautemps se veut pourtant rassurant :

 

"La convention assure une heureuse conciliation entre l'autorité de l’État et le maintien nécessaire des souples méthodes de gestion qui doivent demeurer celles d'un grand service industriel et commercial. […] Nous avons évité le double écueil de laisser dominer l'intérêt public par les intérêts particuliers ou de soumettre les chemins de fer à un régime de bureaucratie étatique." 

 

La SNCF est officiellement créée le 1er janvier 1938.