Mais davantage que chroniqueur ou psychanalyste, Proust est avant tout écrivain. Dans ces quatre colonnes de texte, on trouve déjà, entre une scène de réveil par un froid matin et une description des détours et des embellissements de la mémoire, de grandes lignes de son œuvre future. En réhabilitant les sentiments filiaux d’Henri Van Blarenberghe, il s’est confessé de ce que « nous tuons tout ce qui nous aime par les soucis que nous lui donnons, par l’inquiète tendresse elle-même que nous inspirons et mettons sans cesse en alarme ».
Ce début d’année 1907 marque la sortie du deuil qui l’a englouti à la mort de sa mère et lui a fait croire qu’il n’arriverait plus à écrire : il vit, selon son biographe Jean-Yves Tadié, une « renaissance de la littérature ». Bientôt, tout juste installé dans sa chambre de liège du boulevard Haussmann, il va accoucher des premières esquisses d’À la recherche du temps perdu.
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Pour en savoir plus :
Patrick Avrane, Les faits divers, une psychanalyse, Presses universitaires de France, 2018
Stéphane Durand-Souffland, « Quand Marcel Proust jouait au chroniqueur judiciaire », Revue Droit & Littérature, vol. 1, n° 5, 2021
George Painter, Marcel Proust. 1904-1922, les années de maturité, Mercure de France, 1966
Jean-Yves Tadié, Marcel Proust, biographie, Gallimard, 1996