Généalogie

Un notable dans la famille ? Retracez sa vie dans RetroNews !

le 09/05/2023 par Tony Neulat
le 09/05/2023 par Tony Neulat - modifié le 09/05/2023

Quelle famille ne compte pas, à un degré plus ou moins proche, un membre qui s’est illustré et a joui d’une certaine notoriété, que ce soit au niveau national ou simplement local ? Ce parent constitue alors un sujet de prédilection pour les journaux de l’époque et, par conséquent, un candidat idéal pour vos recherches dans RetroNews… à condition, toutefois, de savoir isoler les articles les plus pertinents parmi la multitude de références proposées. Voici quelques conseils.

Poursuivons notre enquête précédente relative au pharmacien Auguste Arthur Géraudel (1841-1906), considéré par ses contemporains comme le « roi de la réclame ». En effet, c’est à 38 ans, fin 1879, que sa carrière décolle grâce à des campagnes de publicité massives. Elle connaît son apogée à la fin des années 1880 et au début des années 1890. Ce sont ses pastilles au goudron, récompensées lors de l’Exposition universelle de 1878 à Paris, qui le font connaître comme l’atteste cette réclame dans le Courrier du Berry du 19 novembre 1879 :

Hélas, en léguant son nom à ses médicaments et en inondant la presse de réclames desdits médicaments, Auguste Arthur Géraudel nous complexifie terriblement la tâche. L’enquête dans RetroNews sur le personnage lui-même s’avère particulièrement ardue car les créatures se fondent avec leur créateur éponyme dans les résultats de recherche. Car les dizaines d’articles relatifs au pharmacien sont noyés au milieu des milliers de réclames de ses produits. Car il apparaît de manière flagrante qu’une simple recherche sur le nom « Géraudel » ne sera pas suffisante. Astuce et maîtrise du moteur de recherche avancée sont de mise car, d’évidence, tous les chemins ne mènent pas à l’homme.

Dans cette investigation, tout l’enjeu sera donc d’isoler les articles relatifs au pharmacien parmi les milliers d’annonces publicitaires. Pour ce faire, une idée vient naturellement à l’esprit : saisir ses nom et prénom. Deux possibilités (réservées aux abonnés) s’offrent à nous puisque nous pouvons soit les renseigner au niveau du champ « Tous ces mots » de la recherche avancée, soit au niveau du champ « Cette expression ». Quelle différence ? Dans le premier cas, si l’on a cliqué sur « Chercher dans le paragraphe », RetroNews suggérera tous les articles de journaux contenant ces nom et prénom au sein du même paragraphe. Un paragraphe citant à la fois un certain « Valentin Géraudel » et un certain « Louis-Auguste Esslinger » sera donc proposé par RetroNews. Dans le deuxième cas, seuls les extraits de journaux comportant l’association, dans cet ordre, des prénom et nom « Auguste Géraudel » seront affichés. Cette deuxième option est donc nettement plus précise comme le prouvent les chiffres : 150 résultats dans le premier cas contre 5 dans le deuxième. Mais elle est plus sensible puisque les articles contenant « Auguste Arthur Géraudel » ou « Géraudel Auguste » seront exclus des résultats. Subtilité à connaître !

Ces précisions énoncées, recherchons tout d’abord l’expression « Auguste Géraudel ». 5 résultats sont proposés dont 1 seul pertinent, paru dans L’Indépendant rémois du 17 juillet 1903. Il nous révèle qu’ « Arthur Auguste Géraudel, président de la société scolaire du canton à Ste-Menehould, reçoit la médaille de bronze de la Mutualité ». Quant à l’expression « Géraudel Auguste », elle livre 7 résultats dont un seul relatif à notre pharmacien, tiré de la Cote de la Bourse et de la banque et le Messager de la Bourse réunis du 18 mai 1905 :

« Ont été nommés administrateurs [de la Société anonyme du Verre Soleil] : MM Géraudel (Auguste-Arthur), demeurant à Sainte-Menehould (Marne), rue de la Force, 4. […] Géraudel (Arthur-Emile), demeurant à Paris, rue Boissière 25 […] Géraudel (Auguste-Albert), rue Boissière, 25. Gazette du Palais 11 avril 1905. »

Grâce à ces quelques lignes, nous découvrons ainsi l’adresse exacte d’Auguste Arthur Géraudel à Sainte-Menehould et celle de ses deux fils à Paris.

La saisie de l’expression « Géraudel Arthur » ne permet pas de découvrir le moindre résultat supplémentaire. En revanche, l’expression « Arthur Géraudel » est plus heureuse. 9 résultats se dessinent dont 7 intéressants. Les 3 premiers, extraits des journaux Le Temps du 14 janvier 1887, Le Petit Journal du 22 décembre 1887 et Le Monde illustré du 28 janvier 1888, constituent une formidable aubaine pour le généalogiste puisqu’ils livrent une précieuse biographie et 2 portraits du pharmacien :

On notera que ces biographies sont extraites mot pour mot du Courrier Français du 7 mars 1886, journal fondé et financé par Géraudel et son ami Jules Roques, lequel n’est autre que son directeur de publicité. Le mécénat n’est pas dénué d’avantages…

Le Droit du 19 décembre 1888, quant à lui, révèle les dessous d’une amusante affaire : « Géraudel contre Garaudel ». En effet, un imprimeur, dénommé Garaudel, également de Sainte-Menehould, a la bonne idée de s’associer à un pharmacien afin de vendre des pastilles Garaudel ! Il espère ainsi profiter de la notoriété de son voisin quasi-homonyme et de la confusion pour en tirer de juteux bénéfices. Mais un jugement du 14 juin 1888 met fin à la supercherie.

L’Indépendant rémois du 25 février 1892 nous informe qu’Arthur Géraudel s’est retiré des affaires puisqu’il est alors qualifié d’« ancien pharmacien à Sainte-Menehould ». Il est en revanche membre du Comité de Défense contre le Phylloxera de Reims.

On découvre par ailleurs dans La Gironde du 8 mars 1893 qu’Arthur est impliqué dans la vente du domaine de Monrepos situé dans la commune de Floirac, près de Bordeaux.

Enfin, un drame nous est relaté dans L’Indépendant rémois du 8 septembre 1907 : le fils du jardinier, Raymond Mayeux, âgé de 2 ans, est hélas retrouvé noyé dans un bassin de la villa.

Si ces résultats sont particulièrement ciblés et intéressants, leur faible nombre nous confirme une fois de plus que le recours au prénom comme mot-clé de recherche est par trop réducteur. Il nous faut donc élargir notre enquête à l’aide des expressions « Géraudel pharmacien » ou « Géraudel Menehould ». Pour s’affranchir des milliers de réclames intempestives de pastilles, purgatifs et autres poudres Géraudel, prenons soin de recourir au champ « Aucun des mots suivants » de la recherche avancée. Car en y renseignant les termes « pastilles purgatif poudre », nous pouvons ainsi exclure la plupart des annonces publicitaires relatives à ces produits et réduire drastiquement le nombre de résultats, de plusieurs milliers à quelques centaines. Une solution alternative et complémentaire consiste à restreindre la recherche au journal local L’Indépendant rémois qui s’est avéré jusqu’à présent un allié de choix. Enfin, on pourra cibler avantageusement la recherche à la période du mois d’août 1906, date de son décès, pour accéder à une quarantaine d’avis de décès et nécrologies.

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Dès lors, les précieux articles se bousculent à l’écran et on y découvre notamment, pour ne citer que les plus intéressants :

  • La mention de son mariage, dans Le Petit Journal du 29 octobre 1869, avec Blanche Braig, à l’église Saint-André, dans la cité d’Antin (Paris 9e)
  • Le début des publicités pour les pastilles Géraudel en décembre 1879 (ex : Le Progrès de la Somme du 14 décembre 1879)
  • Son accident de voiture, heureusement sans gravité, dans L’Indépendant rémois du 27 janvier 1888
  • Le début des réclames pour le purgatif Géraudel en 1889 (ex : L’Égalité du 1er janvier 1889)
  • Ses candidatures infructueuses aux élections législatives en tant que républicain en 1889 (ex : Le Gaulois du 8 septembre 1889) et radical-socialiste en 1893 (ex : Le Soir du 18 août 1893)
  • Ses revenus en 1891, estimés au bas mot, à 50 000 francs par an d’après Le Progrès de la Somme du 19 février 1891 (soit plus de 200 000 € d’aujourd’hui d’après le convertisseur franc-euro de l’INSEE)
  • Le décès de sa mère, Françoise Dubaton, le 13 février 1892 (L’Indépendant rémois du 14 février 1892)
  • Son appartenance, en 1893, à la franc-maçonnerie et plus particulièrement à la loge « La Justice » d’après La Libre Parole du 29 novembre 1893. Cette information est confirmée par le fichier Bossu en ligne dans Gallica.
  • Son appartenance au syndicat des pharmaciens de la Marne (L’Indépendant rémois du 9 décembre 1896)
  • Son appartenance au cercle pharmaceutique de la Marne (L’Indépendant rémois du 25 janvier 1902)
  • Son rôle de vice-président de la Société de secours mutuels de Sainte-Menehould (La Patrie du 28 janvier 1903)
  • Son décès relayé dans une quarantaine de journaux (ex : L’Indépendant rémois du 8 août 1906). A noter que l’écrasante majorité des nécrologies le qualifient de chevalier de la Légion d’honneur alors que je n’ai trouvé aucune trace de sa nomination, ni dans la presse ancienne, ni dans la base Léonore.
  • La vente de son ancienne usine en 1922, constituée de 2 étages et d’une superficie de 1271 m2 (La Journée industrielle du 20 avril 1922)
  • La location de son ancienne pharmacie la même année (Le Journal du 8 novembre 1922)
  • Le décès de sa veuve à Paris en novembre 1923 (L’Écho de Paris du 13 novembre 1923)

Comme on peut le constater, les articles de journaux ne manquent pas pour retracer la vie de ce pharmacien de génie, qu’il s’agisse du lancement et de la notoriété de ses médicaments, de son implication associative, syndicale et professionnelle, de son état civil, de la vente et de la location de ses locaux, des aléas de la vie à travers les faits divers, de son engagement politique ou encore de son appartenance à la franc-maçonnerie.

Chaque enquête est pour moi l’objet d’un émerveillement renouvelé. Car, honnêtement, n’est-ce pas fantastique de pouvoir sonder des millions de pages de journaux de toute la France depuis chez soi et de pouvoir en extraire, en quelques clics, des centaines d’articles précieux pour la reconstitution d’une biographie ?

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Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.