Tracez la ligne de vie de votre famille grâce à RetroNews !

Une fois n’est pas coutume, passons sous silence la partie enquête proprement dite et les ressorts d’ingéniosité qu’elle suppose souvent. Laissons de côté les multiples astuces destinées à décrocher les articles de journaux tant convoités sur nos aïeux et intéressons-nous à l’exploitation des résultats plutôt qu’à leur obtention.

Lorsque le sujet de notre investigation jouit d’une certaine notoriété, lorsqu’il fait l’objet de centaines voire de milliers d’articles de journaux, l’analyse des résultats proposés par RetroNews nécessite organisation et méthode. Dès lors, l’enjeu est simple : comment procéder pour ne consulter qu’une et une seule fois chaque document intéressant ? Autrement dit, quelle démarche adopter pour, d’une part, ne laisser échapper aucun résultat pertinent, et d’autre part, ne pas parcourir à plusieurs reprises les mêmes extraits de journaux ?

En outre, la situation est encore plus délicate lorsque nous découvrons, au fil des recherches, l’existence de plusieurs homonymes aux vies entremêlées (professions identiques, proximité géographique, âges similaires, etc.). Comment dissocier leurs vies et leurs mentions dans la presse, sachant que les prénoms sont rarement indiqués ? Comment éviter l’affectation d’un événement à la mauvaise personne ?

Voici 5 conseils pour éviter ces écueils et illustrons-les à travers le cas des deux instituteurs Aligon étudiés dans la précédente enquête. Pour rappel, nos recherches sur l’instituteur du Cher Henri Florent Aligon (né en 1867) avaient révélé l’existence d’un second instituteur du Cher du même nom, Charles Louis Aligon (né en 1869), qui n’était autre que son cousin issu de germains. Même nom, même âge (peu ou prou), même profession, même secteur géographique à quelques kilomètres près… Démêler leurs carrières constitue un beau défi à relever.

Pour ce faire, lançons une recherche sur les termes « instituteur Aligon » au sein de la même colonne. Elle génère 135 résultats. La première astuce consiste à trier les articles de presse dans l’ordre chronologique à l’aide du menu déroulant en haut à droite. Cette action présente plusieurs avantages et permet notamment :

• de suivre la vie de la personne concernée année après année
• d’exclure les résultats qui se trouvent visiblement en dehors de la période de vie de l’intéressé
• d’identifier aisément les doublons car un événement peut être relayé par plusieurs journaux.

En survolant les 135 résultats, deux impressions se dégagent. Primo, la plupart des extraits de journaux paraissent pertinents et intéressants. Secundo, 4 journaux semblent régulièrement se répéter les uns les autres : La Démocratie du Cher, le Journal du Cher, L’Indépendant du Cher et La Dépêche du Berry. Ce double constat nous invite à réaliser un export de ces résultats : c’est la deuxième astuce. Pour cela, cliquons sur le bouton du menu de gauche, intitulé « Extraire les résultats » (fonctionnalité réservée aux abonnés). Nous recevons alors par mail un fichier csv ou xls (selon notre choix). Cet export comporte les colonnes suivantes : titre de presse, date, numéro/édition, lieu de publication, numéro de page, lien vers l’article, identifiant, lien ark et lien ark de la notice. Parmi ces nombreuses colonnes, celles précisant le titre de presse, la date et le lien vers l’article seront les plus utiles pour notre enquête car elles constituent le squelette de notre future ligne de vie. Masquons les autres colonnes et trions ce fichier dans l’ordre de dates croissant.

Nous disposons à présent de deux outils de travail complémentaires : d’une part, le tableau de suivi exporté précédemment et d’autre part, la liste des résultats, sous forme de vignettes, dans RetroNews. D’où ma troisième recommandation, valable pour toutes vos recherches généalogiques : disposer de deux écrans, l’un pour la consultation des documents, l’autre pour leur analyse.

Quatrième conseil : tracer une ligne de vie pour reconstituer la biographie de la personne étudiée. Elle peut être élaborée sous la forme d’un tableau à 6 colonnes : date, lieu, événement, description, source, lien (cette dernière colonne pouvant être masquée dans la synthèse finale). La ligne de vie présente plusieurs bénéfices car elle permet de :

• Structurer les renseignements trouvés (selon un ordre chronologique)
• Compiler des renseignements provenant de différentes sources (registres généalogiques classiques, presse ancienne, etc.), quitte à utiliser un code couleur
• Associer plusieurs articles de journaux à un même événement
• Ajouter aisément un renseignement supplémentaire à la bonne place
• Visualiser les lacunes et zones d’ombre de la biographie (longues périodes sans événement identifié)
• Confronter les biographies de plusieurs personnes selon un même axe chronologique.

À titre d’exemple, voici la ligne de vie d’Henri Florent Aligon résultant de l’enquête précédente. Elle illustre, si besoin est, l’apport essentiel des journaux anciens dans la constitution d’une biographie par rapport aux registres généalogiques traditionnels.

Ligne de vie d’Henri Florent Aligon.

Pour obtenir un tel rendu, il suffit de :

1. Ajouter à l’export précédent les colonnes « lieu », « événement » et « description ».
2. Parcourir chacun des résultats de RetroNews dans l’ordre chronologique.
3. Sélectionner les extraits de journaux relatifs à l’instituteur étudié.
4. Compléter les 3 colonnes précédentes en renseignant dans la colonne « événement » une typologie générale (naissance, études, mariage, mutation, promotion, décoration, etc.) et, dans la colonne « description », le détail de l’événement.
5. Supprimer les lignes de l’export relatives à des articles sans intérêt.

Ce faisant, la biographie de notre instituteur s’étoffe peu à peu autour de cette colonne vertébrale. En positionnant côte à côte les lignes de vies des deux instituteurs, il est ainsi possible de démêler leurs vies enchevêtrées et d’associer chaque événement au bon personnage. De même, la confrontation des lignes de vie de Charles Louis Aligon et de sa femme Marie Sidonie Morin fait nettement apparaître le moment de leur jonction : mai 1892. A cette date, Charles Louis, précédemment stagiaire à Dampierre-en-Crot, est muté à Savigny-en Sancerre tandis que Mlle Morin, institutrice à Verdigny, est également affectée à Savigny-en-Sancerre. Et pour cause : ils ont uni leurs vies le 18 avril 1892 à Léré.

Lignes de vie de Charles Louis Aligon et de sa femme.

Cinquième astuce : procédez par itérations et réitérez vos recherches à l’aide de critères différents et complémentaires. Cela peut consister à :

• Être moins précis au niveau des mots-clés (exemple : « Aligon » au lieu de « instituteur Aligon »), quitte à être plus restrictif sur d’autres critères : dates de début et de fin, titre de publication, lieu de publication, etc. Dans le cas présent, nous pourrions obtenir plusieurs résultats additionnels en restreignant successivement la recherche à l’un des quatre journaux omniprésents ou au département du Cher.
• Utiliser d’autres termes de recherche : « Aligon Morin », Aligon + lieu (ex : « Aligon Léré » ou « Aligon Bourges »), « Aligon pédagogique », « Aligon directeur », « Aligon école », etc.

Il suffit alors de :

• parcourir les résultats proposés dans l’ordre chronologique
• s’appesantir uniquement sur ceux qui ne figurent pas dans la ligne de vie
• ajouter les mentions complémentaires à leur bonne place sur l’échelle temporelle.

Et ainsi de suite jusqu’à l’épuisement des sources… ou du chercheur.

La vie détaillée de l’instituteur Aligon nous apparaît alors nettement, depuis sa naissance en juillet 1869 jusqu’à sa crise cardiaque en avril 1937 dans la rue moyenne de Bourges, en passant par l’obtention décisive de sa bourse scolaire en 1883, ses mutations successives et leurs circonstances parfois cocasses, ses décorations en 1922 et 1927, (officier d’Académie, officier de l’Instruction publique), ses promotions, son implication à la veille de la Grande Guerre dans la Société de Préparation militaire de Vierzon, , puis après-guerre, vis-à-vis des Pupilles de la Nation de Bourges, ), ses colorations politiques (radical-socialiste), son admission à la Société historique, littéraire et scientifique du Cher en 1936, etc.

Plus qu’un outil de structuration de ses recherches généalogiques ou biographiques, la ligne de vie représente un formidable document de synthèse. Véritable condensé d’informations, elle résume remarquablement le chemin parcouru, tant par l’individu étudié que par celui qui l’étudie. Elle est pour moi tout à la fois une source de satisfaction et d’émerveillement. Satisfaction du travail d’investigation accompli et d’émerveillement des trésors de la presse ancienne.

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Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiques, Retrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.