Extrait du journal

Ne pas attendre Dans la vie, les jeunes se font remarquer, en général, par le sens des réalités, un esprit débrouillard, une activité débordante et persévé rante. Sur le terrain politique et social, leur attitude est souvent tout opposée. Ils attendent le salut des autres. Que de fois n'en ai-je pas entendu se plaindre du passé, du présent, de l’avenir! Ils étaient comme atterrés par le cours inéluctable des événe ments; ils entrevoyaient même la catastrophe finale; mais c’est alors que leur espoir rebondissait ; •—- Oui, mais d’ici là, il peut se produire tant de choses! Tant de choses? Lesquelles? L'écroulement du Front populaire? Un pouvoir fort? Un homme provi dentiel? Un renversement de l’opi nion? Un miracle...? — Oui, disaient-ils, il peut se pro duire tant de choses. Ça ne peut pas durer comme ça; du moins, je l’es time d’après mes sentiments propres... Alors, puisque ce miracle doit se produire, attendons... Combien ont dit cela depuis six mois, en pensant que les élections ne se feraient pas. Mais si, elles se feront, et il eût fallu faire toujours comme si... C’est une mauvaise disposition que d’attendre toujours, surtout pour des jeunes. D’où viendra le relèvement si ce n'est d’eux? Alors, pourquoi certains s’attachent-ils avec une telle ferveur à des mentalités, à des mé thodes, à des grands mots, à des hommes mêmes, sans se demander si tout cela est adapté au temps et aux besoins actuels? La politique n’est pas toujours ni uniquement une question de senti ments, d’enthousiasme... C’est sur tout une question de méthode. Ne nous faisons pas illusion : il faut recon quérir lentement, profondément; il faut rechristianiser, ébaucher dans l'étude et l'organisation un nouvel ordre social. Il faut surtout s’y mettre, et ne pas toujours compter sur des miracles. Le salut de la France viendra avec les jeunes, si les jeunes qui montent le portent avec eux. JUNIOR....