Extrait du journal

ire. Rien de moins certain. Si un Shakespeare ou un Eschyle vivait parmi nous, ses pièces se joueraient trente ou quarante fois ; elles tireraient à huit <>u dix mille exemplaires et les revues • littéraires » les déchireraient avec prudence. G’est d'ailleurs parce que le renie tragique est si démonétisé qu'il -e manifeste si rarement. Pendant la période clizabéthaine, des poètes fort inférieurs à Shakespeare ont remporté des succès dont, seuls, nos vaudevillelistes et nos lâcheurs d'opérettes connaissent l’équivalent. C'est qu'il y avait nue demande, un appétit de la foule pour le tragique. Au lieu de se rendre au spectacle avec l’espoir d’v trouver un divertissement banal ou des excitations, on y allait dans l'attente d'événement s surhumains, d'émotions qui entraînassent lame jusqu à ces gouffres d'horreur, jusqu'à ces hauteurs d'enthousiasme et de foi quelle elle atteint si rarement dans la viola La Tragédie. Espagnole, de Kid, qui fut pendant un demi-siècle la pièce favorite du public anglais, n’était pas excellente, mais elle portait a la scène avec une espèce de frénésie le désespoir et la vengeance d’un père dont on avait assassiné le filsCette œuvre inégale et grandiloquente n hanté les rêves des gens de la fin du xvie siècle- La chronique rapporte qu'une dame de Londres, agonisante, souhaite de vivre encore pour revoir la fameuse « scène du peintre », qui nous semble aujourd’hui sublime avec quelque facilité....