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Comœdia, 9 juin 1925

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Comœdia
9 juin 1925


Extrait du journal

.- Le public, ça -n'existe pas. Ça n'est pas intéressant. C'est une légende. On exagère sOin importance. II faut écrire pour l'élite, voHà la vérité. Voilà la seule chose qui compte. C'est ce que je fais, moi. Et si mes pièces n'ont pas de succès auprès du grand public, tant pis pour lui. M n'y aura rien compris. Et d'abord, qu'est-ce que c'est que le succès? Qui en décide? Une pièce qui triomphe, est-elle nécessairement une œuvre de valeur? Ce qui importe, c'est de se persuader qu'on écrit pour sa satisfaction personneille ; parce qu'on sent qu'on a quelque chose à dire qui n'a pas encore été dit. En somme, il faut travailler pour la postérité. Laissons la foule - aux fabricants de pièces. Leurs œuvres mourront avec eux. Il n'est pas difficile de capter le gros public. Il suffit de lui donner ce qu'il demande. Je pourrais 1'« avoir » aussi facilement que les autres. Et puis après? Car vous avez bien, remarqué : si vous faites jouer une pièce pour l'élite, elle n'a pas une longue carrière, et alors on dit que c'est une œuvre d'art. Mais si votre pièce réussit à faire une bonne série, vous n'êtes pas intéressant, et du coup vous aller rejoindre les « faiseurs ». Evidemment !. Est-ce qu'il sait seulement, ce bon public, ce qu'il veut? Sa bêtise égale son indolence. C'est à nous de l'éduquer. Iil faut que le public me suive et non que je coure après lui. Pas de concessions ! je reste intransigeant. Mon heure sonnera.. Un. auteur qui a de la race doit pouvoir imposer ses pièces aux spectateurs. Sans cela, il se déclasse de lui-même. En somme, H faut choisir : Je grand public ou l'élite. Pour moi, poser la question c'est la résoudre: je suis de ces derniers....
Comoedia (1907-1944)

À propos

Le quotidien de l'actualité des spectacles Comœdia est fondé en 1907 par Henri Desgrange, propriétaire de L'Auto-Vélo – et inventeur du Tour de France. Ancien du journal Le Vélo, Gaston de Pawlowski est nommé rédacteur en chef. Il s'assure la collaboration de plusieurs grands critiques littéraires comme Guillaume Apollinaire ou André Rouveyre. Quotidien jusqu’en 1941 puis hebdomadaire, Comœdia était un journal culturel de quatre pages.

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