Extrait du journal

Le discours de M. Stresemann est beaucoup plus substantiel. En voilà un, certes, qui n'a pas parlé pour ne rien dire. Lui aussi est partisan de la coopération des peuples, et veut faciliter la route à M. Briand, père des Etats-Unis d'Europe. Mais à quelles conditions! Il aurait pu se contenter des avantages inespérés qu'il a obtenus à La Haye, évacuation complète de la Rhénanie au mois d'avril 1930, suppression de toute commission de contrôle, de constatation et même de conciliation, diminution forfaitaire de la dette allemande. Mais il veut davantage encore : le retour immédiat de la Sarre à l'Allemagne, alors que pas une ligne ni un mot du Traité ne lui donne le moindre droit ni le plus léger prétexte d'émettre à l'heure actuelle cette audacieuse revendication. Puis, le désarmement des autres nations, à l'instar du Reich auquel les plénipotentiaires de Versailles n'ont laissé qu'une armée de police de cent mille hommes. Demain, il parlera du couloir de Dantzig; peut-être reviendra-t-il, malgré le traité de Locarno, sur l'AlsaceLorraine. S'il obtient ainsi tout ce qu'il désire, alors, M. Stresemann sera lui aussi européen. Mais Ja vie est courte, et les hommes qui dirigent en ce moment les destinées de leurs pays sont atubftUt leur résistance physique ou au terme de leur cairiere. M. Stresemann, guetté par un mal implacable, se hâte vers .la solution. des questions vitales où est engagée la renaissance complète de l'Allemagne. Jusqu'ici, il n'a pas subi un seul échec dans ses négociations diplomatiques. Cet homme, qui se sait physiquement condamné, fait preuve de beaucoup de dévouement patriotique et de force d'âme pour arriver à temps au bout de sa tâche....