Extrait du journal

« Or, voici qu'au bout d'une semaine environ, il m'advint cette chose bizarre : ie me réveillai au milieu de la nuit, ce qui ne m'arrive jamais, car je dors comme les pavés de la Tour de Londres; et tout éveillé je vis dans l'obscurité la petite violoniste italienne qui me regardait, ou plutôt je ne vis que ses yeux, ses magnifiques yeux parliants,et violents, et simples, et si1 particuliers dans leur changeante couleur métallique que je n'avais jamais aperçu: die tels yeux dans aucun visage; de femme. Et à partir de ce jour ce phénomène se renouvela fréquemment. Vous me connaissiez, dear fellow. Je ne suis pas superstitieux. J'attribuai donc cela à une auto-suggestion nerveuse, mais lie plus curieux, c'est que je prenais un inexplicable plaisir à revoir régulièrement les yeux de cette fillette qui ne m'était rien, qui n'avait fait sur mes sens aucune impression féminine, et que j'eusse totalement. oubliée, sans cette étrange, réapparition. Enfin, mon cher, il arriva ceci, c'est que bientôt je 'ne pus plus me passer de voir en rêve les yeux de cette petite Italienne, et comme il y avait quelque choso d'un peu morbide dans ces visions nocturnes et que je me vante d'être un homme équilibré, je trouvai plus simple et plus pra tique de se mettre à sa recherche. Je chargeai donc une agence spéciale de me re trouver cette troupe ambulante, ce que l'on m'assura devoir être assez facile en y met tant le prix. Les investigations partirent du Schweizerhof : un garçon de l'hôtel se souvint que la boîte à violon de la jeune fille portait les initiales A. B. ; je le récompensa;!...