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Comœdia, 18 mai 1927

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Comœdia
18 mai 1927


Extrait du journal

Si l'on songe à l'importance qu'avait pour moi cette première représentation qui m'ouvrait les portes du théâtre ou les refermerait peut-être à tout jamais, car je n'avais à attendre d'indulgence de personne, on comprendra l'angoisse que j'ai connue à cette époque. La première, donnée le 19 janvier 1895, fut un très grand succès dont je recueillis ma bonne part. Les autres rôles étaient tenus par Judic, Dieudonné, Mayer, Calmette, Mlle Yahne et Leconte qui allait bientôt entrer à la Comédie-Française; on atteignit la centième. Après quoi, je fus distribué dans la pièce suivante : Les Demi-Vierges, de Marcel Prévost. Ma surprise fut grande, le jour de la lecture, de constater que le rôle qui m'était réservé avait environ huit lignes. Marcel Prévost, qui avr donné sa première pièce au Théâtre-Libre, et qui est resté de tous temps un très fidèle et très cher ami, en fut lui-même un peu gêné. Evi-r demment, avec mon nom qui, ; tout de même, représentait quelque chose apreb le très vif succès de L'Age difficile, on ne comprenait pas très bien Porel: au fond, après m'avoir accueilli à contre-cœur, il sentait que j'étais en train de reprendre pied et il aurait été heureux que je lui fournisse un prétexte de se débarrasser de moi. Mais je fus heureux de prêcher d'exemple une théorie que j'avais souvent prônée à mes camarades: qu'un acteur doit, avant tout, servir la pièce dont il fait partie. Je répétai dune le rôle en question, parfaitement insignifiant, et devant ma bonne humeur Porel finit par s'inquiéter. Quelques-uns lui firent entrevoir que tout cela pouvait facilement être interprété comme un acte d'hostilité envers moi, et que la presse ne comprendrait pas. Il me fit donc gentiment savoir que, décidément, tout cela était indigne de mon nom et de mon talent, et je fus délivré d'une corvée que j'avais été assez sage pour ne pas décliner moi-même....
Comoedia (1907-1944)

À propos

Le quotidien de l'actualité des spectacles Comœdia est fondé en 1907 par Henri Desgrange, propriétaire de L'Auto-Vélo – et inventeur du Tour de France. Ancien du journal Le Vélo, Gaston de Pawlowski est nommé rédacteur en chef. Il s'assure la collaboration de plusieurs grands critiques littéraires comme Guillaume Apollinaire ou André Rouveyre. Quotidien jusqu’en 1941 puis hebdomadaire, Comœdia était un journal culturel de quatre pages.

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