Extrait du journal

Autour d'elle, il y a un cercle aride où l'herbe même ne pousse pas. De ce cercle, en vingt directions, partent, vers la forêt opaque et les arroyos louches, des traces étroites au gazon court et roussi. J'ai essayé en vain de les suivre: toutes elles se perdent dans la jungle, qui les recouvre parmi la vague étendue. Ce sont bien là les sentiers des guerriers morts, des messagers, des veilleurs, des sonneurs, qui tous Convergeaient vers la Pierre millénaire sombre des guerres civiles. Depuis' combien de lustres la laîche n'est plus froisseé de leurs pas furtiifs ! et pourtant le sillon entêté persiste- encore sur Illa terre qu'ils ont fécondée de leur ardeur et de leur mort. Ne reviennent-ils pas, dans les crépuscules orageux, ou dans! les légères brumes nocturnes, autour de la Pierre qui donna une voix à leurs espoirs? et n'essaient-ils pas, de leurs mains vaines, de lui arracher une note suprême? et ne suis-jie pas, sans l'avoir vu. entouré de ce passé plein d'ombre, de qui le coeur, toujours vivant, a fait l'indomptable présent de cette race opiniâtre? Voilà le songe qui écrase mes jours et épouvante mes nuits.....