Extrait du journal

DIJON. Ce qu’il y a de plus intéressant aujourd'hui dans la situation, c'est le soleil qui brille sur nos coteaux ; voilà celui qui mérite l’empire. Un seul de ses doux et brûlants regards a rendu notre Bourgogne à la vie, et peut être se promet-elle encore, en dépit des sauvages rigueurs du mois dernier, une suffisante parure de ces beaux fruits d’or qui lui ont valu son nom. Si peu de luxe qu’il lui soit donné d’y mettre, ce sera toujours plus qu’elle n’espérait. Tout le temps, en effet, que M. Louis Buonaparte a bien voulu montrer son flegmatique visage aux populations curieuses, le soleil a pris soin de se cacher, comme s’il eût craint de paraître impérialiste, et cependant nos campagnes ont besoin de son sourire. M. Louis Buonaparte avait beau faire de son mieux, la chaleur de l’enthousiasme napoléonien laissait la Côte-d’Or languir de froid, et quoi qu’en puisse dire le rapport de M. le préfet, l’année de la visite du prince aurait été une année calamiteuse, si cette autre Providence dont les courtisans s'inquiètent peu, parce que sans doute elle ne coûte rien au peuple, n’avait enfin pris pitié de nos champs et consenti à faire mûrir un peu nos raisins....