Extrait du journal

ses, etc., etc. C était le bon temps. On mangeait tous les jours. Mais, le diable me tentant, je voulus devenir artiste. Aïe, aïe, aïe ! quelle lutte ! Je ne recommencerais pas. On ne rencontre pas tous les jours un ami comme Raymond. — Ah ! dit la jeune fille avec un plus vif intérêt ; ah ! M. Raymond vous a rendu de grands services ? — Des services ! c’est-à-dire qu’il m’a sauvé la vie ni plus ni moins. Tout ce que je suis, tout ce que je serais peut-être un jour, c’est à lui que je le dois. Un cœur d’or, un ami comme il n’y en a pas ! Et, si je me permets ce mot-là, c’est non pas parce qu’il a su descendre jusqu’à moi, mais plutôt m’élever jusqu’à lui. Le peu d’éducation que j’ai maintenant, ma digni té, mon talent... car j’en ai, parole d’hon neur !... c’est à lui que je dois tout. Et quelle générosité ! quelle délicatesse ! Ray mond, voyez-vous bien, Raymond, c’est tout à la fois un grand seigneur et un grand artiste. En voilà un dont l’histoire vous intéresserait. Presque un roman. — Un roman ? dit Thérèse, cherchant à feindre l’indifference. J’adore les romans. Voyons celui de M. Raymond. — Eh ! je ne demande pas mieux, car ce sera faire son éloge. Mais, pour m’en récompenser, faut être bien sage et ne pas changer notre pose, ainsi que vous venez de le faire tout à l’heure. Permettez-moi de replacer ce bras, ce pli. Mais, qui vient nous déranger? C’était Mme Vauquelin, suivie, ou plur tôt précédée, d’un épagneul de grande taille. Celui-oi vint se coucher aux pieds de Thérèse....