Extrait du journal
leur mort récente, sacrifié tout le produit de son travail pour subvenir à leurs besoins. Elle se présente pour la troisième fois ; 3° Le sieur Cordier (Hippolyte), journalier, et dame Adèle Leroy, son épouse, demeurant ensemble actuellement à la Croix-en-Brie, précédemment à Gastins, Courpalay et Nangis, ont eu en nourrice à la fin de 1868, un jeune garçon du nom de Eugène-Louis Guéret ; cet enfant a été délaissé par ses parents, et malgré leur bien modeste position, n’ayant que leur travail pour vivre et déjà la charge de trois enfants à eux, ont gardé cet enfant qu’il ont élevé avec les leurs. Aujourd'hui, le jeune Guéret a 14 ans, et'est encore chez les époux Cordier ; 4° Le sieur Minost (Adolphe), cantonnier, demeurant à Chenoise, a eu en nourrice, en 1867, un petit garçon du nom de Arsène Catillon, pour lequel il n’a reçu de gages que la première année, les parents ayant disparu ; n’ayant pu retrouver leur trace, il s’est décidé à garder cet enfant qu’il a élevé comme le sien propre. Le sieur Minost n’a pour ressource que son faible traitement de cantonnier et a une fille mariée déjà mère de deux enfants ; 5° Le sieur Piquet (Charles), ouvrier maçon, et dame Eugénie-Virginie Gallet, son épouse, demeurant ensemble à Provins, se sont déjà présentés plusieurs fois ; ils exposent qu’ils ont recueilli chez eux et adopté leur neveu, Louis Drouot, orphelin à l’âge de 2 ans 1/2; ils ont élevé cet enfant et l’ont entouré des meilleurs soins ; l’enfant au jourd’hui a 14 ans et est en apprentissage. M. et Mme Piquet n’ont pas d’enfants ; 6° La demoiselle Thierry (Augustine), couturière, âgée de 47 ans, demeurant à Fontaine-Fourches, s’est déjà présentée l’année dernière, déclare que depuis 16 ans elle a à sa charge ses vieux parents infirmes âgés de 81 et 87 ans, qu’elle nourrit et soigne avec tous les égards possibles ; la demoiselle Thierry n’a que son aiguille comme ressource et pas plus que ses parents ne possède rien. Aussi, fait-elle l’admiration de tous les habitants de sa commune, en se consacrant à ses vieux parents, pour lesquels elle se dévoue complètement. Ceci étant exposé, les membres de la commission, avant de délibérer sur le choix à faire se sont pénétrés de la teneur expresse du testament du très-honorable M. Vallou de Villeneuve, qui donne comme condition, savoir : De récompenser une ou deux personnes pauvres de l’un ou l’autre sexe, appartenant à l’industrie ou à la culture, et qui aura le mieux mérité cette récompense par ses vertus et sa bonne conduite. D’après cette lecture, la commission a dû commencer par éliminer la demande de Mlle Briquet, qui n’appartient ni à la culture ni à l’industrie. Cette demoiselle est pourtant bien digne et bien respectable ; mais elle ne se trouve nulle ment comprise dans les personnes visées par le testament. Ensuite, Mlle Thierry, malgré cette conduite pour ses parents, si méritoire, pleine d’abnégation et digne d’un prix Monthyon, aurait quelque chance peut-être en se représentant une autre fois; mais aujourd’hui, la commis sion doit lui prélérer la vertu pour soins donnés à des étrangers, comme l’ont fait les quatre autres candidats. M. et Mme Piquet ont eu également bien du mérite en adoptant leur neveu orphelin ; mais M. et Mme Piquet n’avaient point d’enfants et leur neveu n’est pas complète ment un étranger. Sur les six candidats, en ayant retranché les trois cidessus, il reste donc deux prix pour trois postulants res tants, ayant à peu près le même mérite, celui d’avoir élevé gratuitement et avec tendresse un enfant étranger concur remment avec leurs enfants propres. Le choix a paru assez embarrassant entre les trois can didats restants, et la commission se pénétrant des clauses du testament et après avoir pesé tous les renseignements obtenus directement et indirectement, surtout voulant mettre en relief la vertu et la bonne conduite prescrites par le testateur, a décidé de décerner le premier prix à M. Boyer, de Neuvry, et le deuxième à M. Minost, de Chenoise. Pénétrée des vertus exposées par les six candidats et n’avant pu en récompenser que deux, la commission adresse ses félicicitations aux quatre autres moins heureux avec ses regrets de n’avoir pu mieux faire. Provins, le 14 juin 1882. Signé : BRISSOT, Rapporteur. Cette lecture terminée, M. Brissot a fait connaître que le conseil municipal, dans sa séance du 21 juin 1882, a ratifié les propositions de la commission, et qu'en conséquence : 1° M. Boyer (Louis-Auguste), manouvrier de cultore, demeurant a Neuvry, commune de Jaulnes, a été désigné pour recevoir le premier prix, s’éle vant à 400 francs ; 2° Et M. Minost (Adolphe), cantonnier, demeu rant a Chenoise, a été désigné pour recevoir le deuxieme prix, s’élevant à 340 francs. Apres cette communication. M. le sous-préfet a prononcé quelques paroles qui ont été accueillies par de vifs et sympathiques applaudissements. Puis, M. le maire, au nom de la municipalité, a remis à chacun des lauréats la prime qui lui a été attribuée c-n vertu de la délibération du conseil municipal du 21 juin 1882, ainsi que le diplôme attaché a celle distinction. Comme les années précédentes, la Musique de la ville a prêté son concours à cette cérémonie. La séance a été levée a trois heures....
À propos
Fondé en 1815, la Feuille de Provins était un journal hebdomadaire de Seine-et-Marne. Il paraît jusqu’en 1891.
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