Extrait du journal

Paris noir et silencieux A Paris, même obscurité qu'à Londres. Seulement un peu moins stricte. Je veux dire qu’on voit parfois un filet de lumière à une fenêtre, ou une lueur à la devanture d’une boutique. Cela s'explique : il y a moins de raids et de bombes sur Paris . . . pour lc moment, du moins ! Mais le désert des rues de Paris, la nuit, est impressionnant. Car à Paris, il n’y a ni taxis, ni autobus, ni lc jour, ni la nuit. C’est incroyable ce qu’une grande ville peut paraître abandonnée, en l'absence presque complète de circulation. Il y a bien, le jour, quelques automobiles officielles, des jeeps, des camions militaires, beaucoup de bicyclettes et un certain nombre de voitures ou camions civils à gazogène, c’est-à-dire au charbon de bois. Mais ce n’est rien à côté de l’activité de Londres. Lc soir surtout, Paris est une ville morte. De loin en loin, une voiture rare dans des avenues désertes. Sur les boulevards, quelques militaires, surtout des Américains. Quelques jeunes femmes. De très rares passants. A 11 heures, on ne rencontre plus...