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Gazette nationale ou le Moniteur universel, 6 juin 1874

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Gazette nationale ou le Moniteur universel
6 juin 1874


Extrait du journal

eorc armé . Après s’être un jour pa voisé soudain sur un faux bruit de vic toire, il courait en masse voir ses forti fications, qui n’avaient servi jusque-là qu’aux idylles du pioupiou et de sa payse et aux joies faubouriennes du dimanche, à présent bouleversées par la pioche des terrassiers, couvertes de chevaux et de tra vailleurs, retentissantes des claquements de fouets et des ordres criés par les chefs d’équipe, et montrant çà et là, dans l’herbe de leurs talus, le bronze étincelant des grdlbcs pièces de siège. Pris de la fièvre militaire, les citoyens allaient apprendre l’exercice dans les cours des casernes, où on les voyait alignés en pelotons et faisant sonner les crosses sur le pavé. Des portes des mairies, où la foule stationnait, lisant les placards humides, sortaient des bour geois, portant sur l’épaule un fusil, la baïonnette renversée. Par les faubourgs, les habitants de la banlieue, déjà ramenés par la peur de l'invasion, arrivaient avec leur pauvre mobilier sur une charrette à liras, l’homme dans le brancard, la femme poussant derrière, les enfants chargés de paquets, et — dernier symptôme du pro chain blocus — de nombreux troupeaux de bœufs maigres et harassés et de mou tons gris de poussière s’entassaient dans les parcs construits à la hâte, au milieu des jardins publics et le long des bouleuards suburbains. Mais le Parisien qui prenait le moins de part à cette furieuse exaltation , à ces cruelles anxiétés, à ces folles espérances, était certainement iiabricl. Il était retourné chez Mme Henry; il y avait revu Eugénie. Il y était allé d’abord tous les trois ou quatre jours, puis plus souvent, puis tous les soirs, et maintenant il ne vivait plus que pour ses deux heures passées dans la chambre du faubourg, à côté des deux femmes travaillant près de la lampe, tandis que, par les fenêtres ou vertes, arrivaient les odeurs d’arbres et étincelaient les étoiles des belles nuits d’été. Dans les premiers temps, Eugénie avait paru gênée de la présence du jeune homme et lui avait l'ait le même accueil, j^ein de froideur et de réserve ; mais elle avait fini par être touché de son silence et de sa douceur, elle comme lui, naïve et timide, et aux quelques banalités qu’il avait o»é...

À propos

Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.

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