Extrait du journal

réellement fils du comte, passe pour fils de M. d’IIortal. Son véritable père ne peut prendre vis-à-vis de lui que Je titre de beau-père. A mesure que l’enfanta grandi, son aversion à l’endroit du comte s’est prononcée chaque jour davantage et, jeune homme, c’est avec effort qu’il la déguise. Il voit dans M. de Saulles un étranger, un ennemi, l’homme qui est venu s’asseoir au foyer domestique, à la place qu’occu pait son père, et il'le hait comme Hamlet, prince de Danemark, haïssait le nouveau mari de Gertrude. A toutes les tendresses de comte, il ne répond que par un froid dédain, et il finit par quitter cette maison qu’il ne peut, considérer comme la sienne. L’amour même ne prévaut pas contre cette antipathie farouche. Epris do Marthe Fro ment, fille d’un négociant qui exige de sou gendre une somme égale à la dot de la fiancée, Léon refuse les trois cent mille francs que lui offre le comte de Saulles. Il ne veut pas être l’obligé du second mari de sa mère. Cette fortune qui lui manque, il la gagnera. Cette situation, dont M. E. Plouvier a tiré le plus grand parti, est fort dra matique. Devant ce fils qui le hait, M. de Saulles est forcé de garder le silence. Pour lui faire connaître la vérité, il faudrait révéler la honte de Jeanne; et comment dire à un jeune homme fier, noble et pur : « Votre mère a failli et je suis son compilée. » L'adultère, quoique légitimé par un second mariage et le pardon tacite...