Extrait du journal
devant des milliers d’incrédules, habitués à juger la politique de leur pays dans les déclamations d’une opposition passion née et injuste, et il a été applaudi par eux ; il a pratiqué avec persévérance, quelquefois avec succès, le système de la conciliation des partis, rêve insensé s’il prétend convertir le genre humain, politique habile et sage si elle sait garder la mesure ; enfin, il a créé de nouveaux liens et des attachemens durables entre h dynastie constitutionnelle de 1830 et les provinces les plus éloignées du centre de son action. Tous ces résultats, obtenus en si peu de tans, ont donné au voyage de M. le duc d’Orléans une importance et un intérêt vraiment politiques. Profitable à l’ascendant et à la renom mée du prince, ce voyage ne l’a pas été moins au pays luimême ; car tout ce qui profite au Trône profite au pays. La France ne saurait être si forte si le pouvoir est méprisé. La popularité des princes est un des élcmens de sa puissance ; mais celle popularité, il faut aller au-devant d’elle ; car au jourd hui, Sdcln z-le bien, elle ne viendra plus vous chercher. Nous n’ajouterons que jteu de mots sur l’excursion de M. le duc d'Orléans en Afrique. En Afrique, M. le duc d’Orléans s’est retrouvé «h milieu de nos soldats qui le con naissent et qui l’aiment. Il n’avait rien à faire pour gagner leur ; ffYclion et mériter leur dévouement ; et cependant il a visité l’armée avec le zèle et l’t mpressement d’un nouveau venu. Ce que les journaux de l’opposition ont raconté de sa sollicitude pour les malades, de son attention pour tous les détail- les plus minutieux du service, de sa mansuétude, de son humanité, de sa bienfaisance, nous dispense d’insister sur cet cloge. Au sortir de Constanline , le voyage jusqu’alors pacifique de M. le duc d’Orléans a pris tout-à coup le caractère d’une expédition guerrière; expédition projetée depuis long teros, qui se rattachait à un système général de grande occupation qu’on a droit de discuter, mais qu’il serait absurde d'attri buer à l’apparition du prince sur le sol d’Afrique. Le sys tème existe depuis trois ans. L’expédition des Portes-de-Fcr était une de ses conséquences raisonnables. Le prince n’a fait que prendre son rang à la tête de nos soldats. Si l’expédi tion eut manqué son but, la responsabilité de ce mécompte n’eût pas dû retomber sur M. le duc d’Orléans. Elle â réussi; 1 honneur en appartient au maréchal qui l’a ordon née, et à la brave armée au milieu de laquelle M. le duc d’Orléans ne s’est pas moins distingué par sa subordination que par son courage. Nous terminerions ici nos réflexions sur le voyage du prince royal ; si nous n’avions à dire un mot du rôle joué par le clergé français pendant cette longue et intéressante excursion. Et d’abord, rendons justice au clergé : partout où il s’est trouvé en face de l’héritier du trône de Juillet, son langage a été respectueux et conciliant ; plusieurs évéques se sont même distingués parmi les orateurs officiels admis à complimenter le prince, par la chaleur et l’éloquence de leurs discours. D’autres, nous le disons à regret, ont trop oublié devant une auguste princesse, associée pendant une partie de ce voyage a I éclatante popularité qui entourait partout le fils du Roi, d’autres ont trop oublié que la Charte de 1830 a garanti une égale protection à tous les cultes , et que, dans les prévoyances de cette loi souveraine, la cons cience religieuse d'une princesse a droit au même respect que celle de la plus humble des servantes de Dieu. Il faut que le clergé français le sache bien, le tems des conversions bruyantes est passé sans retour. Le prosélytisme religieux, qui avait sa grandeur en f ice de la persécution politique, ne peut plus naître aujourd’hui, dans un pays de tolérance si absolue, que d’une monoinanic ridicule ou d’un étroit calcul. Si la princesse, objet de tant de bénédictions et de tant d’homm ges pendant le voyage dn prince royal, monte en jour sur le trône de France, elle y sera le témoignage vivant de la douceur de nos lois et de la haute raison de notre payà. Le fanatisme le plus hardi, ni même le zèle religieux le plus désintéressé et le plus pur, ne sauraient prévaloir contre cette conquête, non pas seulement de deux révolutions, mais de deux siècles : la tolérance en matière de religion. Chacun est libre, sans doute, d’adopter les croyances d un culte dis sident ; nuis aussi chacun est inattaquable dans les siennes. Quand le voyage de M. le duc d'Orléans n’aurait servi qu’à raffermir dans les esprits ce grand et inaliénable principe de notre constitution, avouons-le franchement, il aurait encore rendu un éminent service à notre pays !...
À propos
Fondé en 1789 par Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798), éditeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, La Gazette nationale ou Le Moniteur universel fut pendant plus d'un siècle l’organe officiel du gouvernement français.
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