Extrait du journal

isolées oui sous des climats plus heureux égayent la campagne de leurs toits rouges, de leurs meules dorées et de leurs aunaies vertes ; la difficulté des communications pendant l’hiver force les habitants à se grouper dans les villes, où ils trouvent réuni tout ce qui satisfait à la modicité de leurs intérêts matériels et moraux. Cette mort sous ce linceul dure quatre mois. Cette période écoulée, la terre, lasse sans doute de tenir rigueur au soleil, s'in cline sur son écliptique, et présente à l’astre source de chaleur 1 hémisphère boréal de son globe. La transition est rapide et violente. Dilatées par l’élévation de la température, les glaces épaisses des fleuves se fêlent, puis se brisent avec de longs craquements ; la neige s'affaisse, se fond inégalement, laissant transparaître par planes le ton noirâtre de la terre; le sol des routes, détrempé par ces pluies que la gelée avait jusqu’alors tenues en ré serve, s’amollit et révèle des fondrières cre» sées, des ponts rompus; toute circulation, soit en voiture, soit en traîneau, devient trèspénible Chacun reste cloîtré chez soi, at tendant patiemment, autour du poêle mo numental, que l’entr acte soit terminé, et Se la toile se relève sur le décor de l’été, rès quelques tentatives partielles, le jçel définitif s’établit ; dix ou quinze jours suffisent au changement; la terre est déblayée, les rivières sont libres ; la végétation, longtemps comprimée, jaillit avec une force surprenante; l’on est bientôt en pleine belle saison; car ici l’année n’a point cette charmante adolescence qu’on nomme le printemps} elle passe des premières laideurs de l'en fance aux opulences de la maturité; elle...