Extrait du journal

Il en avait, de la lymphe, en trop, celuilà ! Il n'y a pas d'erreur ! Et puis des cheveux blond filasse, un grand nez maigre et de sacrés yeux !. Le diable les emporte, ces yeux, je ne peux pas arriver à m'en débarrasser !. Qu'est-ce qu'ils ont de particulier, du reste? Je n'en sais vraiment rien. Ils sont trop clairs, je crois. Vous avez bien remarqué que, en général, un œil, ça meuble une figure : l'endroit de l'œil a l'air plus rempli que le reste du masque. Eh bien, chez lui, la place de l'œil a l'air d'être vide. on dirait que ses prunelles lui font un trou dans la tête. Ce que c'est agaçant à regarder! Il aurait un joli succès dans une salle d'hystériques ! Elles s'endormiraient comme un seul homme en voyant ces yeux là.. Moi, qui ne suis pas hystérique, j'étais quand même horripilé par ces damnés yeux. Mais ce n'était pas sa faute, à ce garçon, et je ne lui ai jamais témoigné mon antipathie. Au contraire, à toutes mes rencontres, j'allais à lui, je lui parlais gentiment, je m'intéressais à sa famille, j'étais bon-enfant, quoi ! Toutes les fois où je lui adressais la parole, il faisait une tête de rat empoisonné, il avait une espèce de sourire.Avez-vous jamais vu des pendus ?Non? Eh bien, tous les pendus ont. un rictus d'une assez vilaine expression. Le sourire de Meynard avait cette expression là....