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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement, 10 octobre 1891

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Journal de la ville de Saint-Quentin et de l’arrondissement
10 octobre 1891


Extrait du journal

séminaristes se sont conduits avec bonne humeur et simplicité. Us n’ont pas rougi de leurs opinions et de leur état; ils ne s’en sont pas prévalus. Ils ont accepté et réclamé l’égalité; ils ont subi les corvées sans murmure. En un mot, ils ont été soldats et camarades : c’est ce qu’ils pou vaient faire de mieux. De leur côté, les laïques, et ceux là mômes peut-être qui avaient le plus crié : « Sac au dos ! » en voyant leur vœu réa lisé, et « les curés » faisant leur service de bon cœur, sans bouder et sans rechi gner, les ont acceptés de très bonne grâce, et même en certaines occasions leur ont témoigné une sorte de déférence. Si c’est bien ainsi que les faits se sont passés, on ne saurait trop s’en féliciter. C’est une grosse inquiétude de moins pour les catholiques et pour les simples libéraux qui ont souci de la liberté do conscience et de la paix religieuse. C’est aussi une véritable joie pour ceux qui aiment notre armée. Cette attitude ami cale et conciliante de part et d’autre ho nore infiniment nos jeunes concitoyens et notre caractère national. On savait que notre corps d’officiers s’y emploierait ; nos jeunes officiers manifestent de plus en plus un esprit élevé et libéral. Les sous-officiers étaient plus à craindre. La grande préoccupation de nos généraux doit être de former un corps de sous-offi ciers qui soit vraiment une élite. C’est une des grandes nécessités de la guerre, et c’est une nécessité tout aussi urgente pour la formation de cette grande école de la discipline et du respect qu’est main tenant l’armée française. On nous dit que tous les séminaristes sont rentrés ; est-ce bien exact ? et qu’ils sont rentrés sans avoir rien perdu de leur foi et de leur dévouement. Je causais un jour de cette loi sur le service militaire avec le cardinal Czacky, alors nonce à Paris, et je lui disais : « Ne craignez-vous pas pour le recrutement du clergé? » Il me répondit : « Je suis moins préoccupé de ceux qui s’en iront que de ceux qui reviendront. » Nous saurons prochainement à quoi nous en tenir. Je suis depuis longtemps partisan du service obligatoire pour tous. Mais il faut songer aux intérêts moraux comme olix intérêts matériels. C’est la plus funeste erreur, que de considérer la force maté rielle comme la seule force ou la plus grande force du pays. L’enquête devrait porter autant sur les jeunes savants et les jeunes professeurs que sur les jeunes prêtres. Leur situa tion à l’armée est moins délicate. Mais l’intérêt pour l’Etat est le môme. Il s’agit surtout de l’âme des séminaristes, et sur tout de l’esprit des savants. Nous avons été plus hardis que nos voisins. Est-ce une audace heureuse, ou serait-il à pro pos de remanier la loi ? Jules Simon....

À propos

Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.

 
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