Extrait du journal
Saint-Quentin, le 18 août 1892. M. Deville, député de Château-Thierry, vient de recevoir la lettre suivante de M. le ministre des travaux publics : MINISTÈRE République française, des —■ Travaux publics — Paris, le 12 août 1892. Cabinet du ministre Monsieur le député et cher collègue, Vous avez appelé mon attention sur un incident au cours duquel M. Lemoine, commissaire de surveillance administra tive des chemins de fer à ChâteauThierry, s’est laissé aller à proférer visà-vis de vous des paroles grossières et injurieuses. J’ai l’honneur de vous informer que comme suite à Vcnqiiète à laquelle j’ai fait procéder sur les faits signalés dans votre plainte, j’inflige à M. Lemoine un blême pour l'attitude qu’il a prise en cette circonstance. Cet agent sera d’ail leurs admis à faire valoir ses droits à la retraite aussitôt qu'il sera atteint par la limite d’âge, c’est-à-dire dans moins d’un mois. Agréez, monsieur et cher collègue, l’as surance de ma haute considération. Le Ministre des Travaux publics, Viette. Et voilà ! Un humble agent a eu une vivacité de langage contre un voyageur — et qui voyage gratis, encore ! — il se trouve que ce voyageur estM. Deville, député opportuniste, radical, tout ce que vous voudrez, celui-ci n’a qu’un signe à faire et le malheureux est sacrifié.On sait à quoi tiennent les majo rités ministérielles, un seul Deville, si léger que cela pèse, peut faire pencher la balance... et voilà pourquoi M. Le moine est révoqué, ou peu s’en faut? Il porte d’ailleurs un nom furieuse ment réactionnaire et qui, seul, devait attirer sur lui les foudres du gouver nement. Si l’enquête a été sérieuse — et nous doutons en principe de la valeur d’une enquête de ce genre — si elle a dé montré le manque de tenue de l’agent, que ses supérieurs le réprimendent et même, si le cas est grave, qu’ils lui infligent une amende, rien de plus juste, le public a droit aux égards de ceux qu’en définitive il salarie, du com missaire de police au ministre. Mais briser la carrière d’un honnête homme pour un propos tenu sur le compte d’un monsieur, fût-il député, fût-il M. Deville lui-même, c’est roide. Ces tyranneaux de province, dont M. Deville a la réputation de réaliser le type, sont bien la plus détestable engeance qui soit sur la terre de France. Pleins de morgue, de vanité,...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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