Extrait du journal

Flamberge qui lui baisa les mains avec respect, et allons visiter vos écuries, car il nous faudra fournir une longue traite cette nuit. Dame Olive, à cette proposition si simple, baissa les yeux et eut recours pour la pre mière fois à l’énorme éventail qu’elle tenait à la main. — Ce sont tous chevaux de pure race, dit-elle avec embarras; bons à la course, au carrosse et même au labourage, comme les vrais chevaux de l’Auxerrois ; seule ment ils ont de l’âge. Tout ce qui est ici à de l’âge. Ils étaient quinze autrefois, voici trente ans ; mon palfrenier ne me tient pas tou jours au courant des décès, désirant m'é pargner de la peine... Jeune homme, je n’aurai pas de mauvaise honte et j’avoue rai devant vous que je me suis peut-être un peu trop avancée. Flamberge était attendri , mais en chanté. — Excellente, excellente âme ! murmu ra-t-il. Sur mon salut, noble dame, je m’en gage à conduire Agénore et Phébus aux pieds de la rein°, à Paris. N’aycz donc souci ni inquiétude; vous aurez toujours bien deux chevaux à nous donner pour remplacer les nôtres, qui sont rendus de fatigue. Nous mangerons un morceau en double, mon compagnon et moi, et nous partirons sur l’heure avant l'arrivée des coquins qui nous poursuivent. Deux larmes vinrent aux yeux de la douai rière. — Je n’avais jamais senti si cruellement, dit-elle, le pauvre état qui me reste en ce monde. Au temps où nous vivons, noblesse sans argent est peu de chose. Je me confie à vous, jeune homme ; votre visage est le miroir d’un digne cœur. — Et, quant à avoir deux bons chevaux, continua-t-elle, reprise par une dernière bouffée d’orgueil, il yen a bien quatre et six àussi, pour le moins. Dieu soit loué I Nous fîmes un achat important en l’an 43, et il n’y a encore de ce que seize à dix-sept ans : des bêtes toutes jeunes et de premier...