Extrait du journal

On a parlé bien souvent du voyage en France de S. M. L’Empereur de Russie. Ce bruit est remis en circulation et l’on indique le printemps prochain com me l'époque filée pour la visite du Czar. Des nouvellistes mal renseignés se plaisent depuis quelque temps à parler de guerre au milieu de la paix dont jouit l'Europe, et certaines feuilles, en com battant sérieusement cette chimère, n’ont servi qu’à la fortifier et à inquiéter l'opinion publique. La Patrie fait justice de ces suppositions gratuites et se demande avec raison comment l’on pourrait craindre eu Francs et en Europe que l’Empereur ait la pensée de dévier de la ligne qu’il a toujours suivie : e Est-ce que tous les actes du règne actuel, quant à la politique exté heure, ne sont pas à cet égard des garanties certaines ? Est-ce que dix années de pouvoir n’ont pas prouvé que Napoléon III, en recueillant l'héritage de gloire du fondateur de sa dynastie, voulait, avant tout, le consacrer par une paix nécessaire au monde? En face de ces témoignages, que sont quelques bruits venus de l’autre côté des Alpes, et que peuvent ces bruits contre la légitime renommée d’équité, de sagesse et de modération, qui est l’honneur du souverain de la France, et contre la confiance qu’il inspire à tous les gouvernemens et à tous les peuples T d Puis, après avoir établi que la guerre ne deviendrait imminente que si elle était nécessaire , la même feuille ajoute, en faisant illusion à l’Italie : a La politique de la France est aussi nette que loyale : elle n’entend pas profiter de sa puissance pour imposer sa domination. Mais elle doit veiller partout au respect des traités et du droit des gens. Elle ne permettra pas à d’autres ce qu’elle ne se permettrait pas elle-même. C’est celte politique que l’alliance anglo-française a fait prévaloir dans le monde et qu elle maintiendra pour le bonheur des peuples. » Nous pensons que ces protestations énergiques ouvriront les yeux aux nouvellistes tran salpins sur leurs prophéties trop belliqueuses. L'Univers répond en ces termes, par l’organe de M. Louis Veuillot, aux bruits concernant les poursuites dont il aurait été menacé, et notamment aux insinua tions d’un journal belge,qui estime que cette façon de procéder contre lui est infiniment préférable aux avertlssemens dont l’administration eût pu le frapper: « Il nous semble que Y Indépendance, dans cette dernière phrase , premièrement, oublie un peu son zèle pour fa liberté de discussion ; secondement, se bâte un peu d’annoncer les décisions de la justice. Il n'est pas en core prouvé qu'il suffise d'intenter un procès à VUni vers pour qu'il soit déc'aré coupable. Or , dans le cas où rt/niver*, accusé par le consistoire , ne serait pas condamné par les juges, Y Indépendance trouverait-elle encore la façon du consistoire infiniment préférable à la bénignité' des avertissemens que l’administration aurait pu nous donner après les visites que M. le grand rabbin de France aurait faites , probablement dans le but de les obtenir ? Ceci soit dit sans vouloir influen cer en rien les résolutions du consistoire. Un procès de ce genre serait fort intéressant; et, par les enquêtes auxquelles il donnerait lieu , il jetterait d’importantes lumières sur une question qui réclame toute l’attention des peuples chrétiens. » ...