Extrait du journal
— Elle est assez belle femme pour qu’on ne lui achète pas un homme. De l'argent pour se marier! dit le colporteur, en voilà encore des sottises de vos villes! Nous ne connaissons pas ça à la cam pagne : je dis entre gens pauvres; chacun apporte un gros rien entre deux plats, et le lit des noces n’en est pas plus froid. — Oui, dit le tonnelier, c’est la faim qui épouse la soif. — Eh bien! moi, ditGuenillon. je me charge de lui trouver un épouseur, à Alizon, pourvu qu’elle ne fasse pas trop la difficile. Je te lui amènerai un solide gars bâli comme un cheval de labour, et qui travaillera comme un bœuf : ça vous va-t-il, père Cancoin? — Nous verrons, répondit le tonnelier en ouvrant la porte; il ne s’agit guère du mariage d’Alizon dans ce moment-ci. Vous avez vu la Grelu dans notre hangar? — Oui, elle a toujours l’air.., ditGuenillon en agitant ses mains au-dessus de son front. Est-ce qu’elle vous parle quelquefois de son mari? — Elle! elle n’enapas dit plus que vous n’en avez entendu. — Elle n’en a pas ouvert la bouche, dit Guenillon, quand je l’ai rencontrée dans le bois. — Eh bien, jamais je n’en entends davantage. Le jour, je ne sais pas quelles idées la tourmentent en dessous. Les enfants jouent et crient, quoique leur mère les empêche; la Grelu ne bouge pas. On dirait que ce qui se passe sur la terre ne la re garde pas. — Avez-vous prévenu un médecin? demanda le marchand d’images. — Attendez, vous allez voir. Au contraire, la nuit, il semble qu’un démon la travaille. A peine elle est couchée, que ses agitations la reprennent. Elle se remue, se remue, comme si elle était pos sédée. Depuis deux jours, ça augmente. Nous étions tous endormis, lorsque ma femme me pousse dans le lit, ou plutôt dans le tonneau; ellg me dit : «J’ai peur. » Moi je crois que c’est le grand bâtiment qui l’effraye. «De quoi as-tu peur? c’est des bêtises. — Tu n’as donc pas entendu? demande ma femme. — Entendu quoi? je lui dis. — Je ne sais pas trop; des soupirs, des gémissements. » J’allais me ren...
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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