Extrait du journal
Voici un des articles qui ont valu, en juin dernier, à la Gazette de France, une saisie suivie d’une suspension ; le tout par l’ordre du général Cavaignac. Le jury appelé à prononcer a acquitté le journal si brutalement traité par l’état de siège. L’opinion pu blique , nous en sommes sûr, confirmera ce verdict et se deman dera en quoi les appréciations d’une si désolante justesse de la Gazette de France pouvaient compromettre la sécurité publique : Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée. « Ce mot proverbial reçoit une juste application aux choses de l’ordre moral et politique. » Il faut que la porte soit ouverte ou fermée, c’est-à-dire qu’une situation soit nette et précise au point de vue des principes du droit et de la justice, que l’on sache bien, une fois pour toutes, ce qui est permis et ce qui est illi cite , ce qui est bien et ce qui est mal. v Si la porte est tout contre, comme on dit, elle n’est pas fermée; elle n’est pu ouverte non plus ; il y a dés lors lieu à contester. Ceux qui soutiennent quelle est ouverte ont raison ; ceux qui prétendent qu’elle est fermée n’ont pas tort. » Mais en fait de droit et de moralité il n’y a pas de tout-contre possible, et nous dirons : Ouvrez ou fermez, comme 11 vous plaira , mais surtout point d'équivoque, point d’ambiguité. • Voici, par exemple , les anciens ministres de Charles X I Pourquoi les a-t-on condamnés ! » Parce qu'ils ont cru avoir !e droit de sauver le pouvoir menacé par un parti. » Parce qu’ils ont pensé que le salut public était la suprême loi. » Parce qu’ils ontattenlé à la liberté de la presse et mis des journaux sous les scellés. » Parce qu’ils ont fait marcher l’armée contre des barricades et tirer sur une Insurrection qui tirait contre la force publique. » Parce qu’ils ont mis Paris en état de siège et suspendu le régne de la Constitution et des lois. » Et il se trouve que dix-sept ans après, qu’un chef du pouvoir exécutif agit précisément comme ces anciens ministres, et prétend ainsi qu’ils l’ont fait, que le salut public, la nécessité, ont exigé ces procédés et les ont ren dus légitimes. » Si le pouvoir nouveau a raison, il faut réviser les procès des anciens mi nistres de Charles X, les relever de la condamnation prononcée contre eux , et leur faire des excuses d’avoir usé de tant de rigueur à leur égard. » Parlons maintenant des ministres de Louis-Philippe ! Une procédure est commencé contre eux, et nous voudrions bien en voir la fin. De quoi peuton les accuser ? » D’avoir , dans la prévision ou dans la crainte d’une révolution, voulu interdire les réunions dans lesquelles des orateurs attaquaient le gouverne ment établi; » D'avoir fait publier des ordonnances contre les attroupemens ; » D’avoir fait marcher la garde municipale et l’armée contre une insurrec tion qui voulait renverser le gouvernement et faire une révolution ; » D’avoir fait couler le sang du peuple armé pour la défense de ses droits et du banquet des Champs-Elysées ; D’avoir donné au maréchal Bugeaud des pouvoirs illimités pour rétablir l’ordre dans Paris. » Ont-ils eu tort, ont-ils eu raison ? S’ils ont eu tort, il faut les punir, et le plus tôt possible pour l’exemple. S’ils ont eu raison, il faut le déclarer et leur accorder réparation de l’Injure qu'on leur a faite. » 11 en est de même de quelques autres situations qui sont, à notre avis, des portes ni ouvertes ni fermées. » Un homme a pris les armes en juillet 1330; il a cassé des réverbères et fait des barricades derrière lesquelles il a tiré sur la gendarmerie de Paris et sur la garde royale. Très-bien , mon ami, tu es un héros ; tiens, voilà une récompense nationale et l’Ordre de Juillet! » Le même homme reprend son fusil en avril ; il se bat dans le cloître StMerry et dans la rue Transnonain et refait des barricades. Une Gourdes Pairs lui prouve qu'il a eu tort, qu’il est grand coupable. et elle l’envoie au MootSt-Michcl pour avoir fait absolument ce qui lui avait valu le titre de héros. » Or , voilà qu'un jour de février, noire homme entend sonner le tocsin ; on lui dit que le peuple souverain prend les armes contre le despotisme. Il se remet à remuer des pavés , il reprend son fusil, retire sur la garde munici pale et la troupe, il reprend les Tuileries , et s’en vient coucher en joue M. Sauzet, ainsi que MM. Odilon Barrot, Dupin elles autres. On le félicite , on l’honore, et il redevient un héros proclamé et rémunéré comme tel par le gouvernement provisoire....
À propos
Fondé en 1819, Le Journal de la ville de Saint Quentin publie les annonces judiciaires de son département sans le concours du gouvernement. L’initiative porte ses fruits puisque la publication du journal demeure assurée jusqu’en 1914.
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