Extrait du journal

BULLETIN POLITIQUE Saint-Quentin, le 10 novembre 1885 C’est aujourd’hui que les élus des et 18 octobre tiendront leur première séance. Il est probable qu’elle sera de courte durée. M. Blanc, député de la Savoie, occupera le fauteuil du prési dent, en sa qualité de doyen d’âge. I prononcera une allocution dans laquelle il fera appel à l’union des républicains. Si cette fameuse union ne se produit pas, ce ne sera pas.qu’on ait oublié de la recommander. Cette insistance est une preuve du peu de confiance qu’on a dans le résultat. L’ordre du jour quant à présent, ne comporte que la constitution du bureau et la révision des pouvoii s.: Cela fait, la Chambre dit-on, serait prorogée pour ne repren dre ses séances qu’après les vacances du nouvel an. Dans l’intervalle, députés et séna teurs se retrouveront au Congrès de Versailles pour procéder à l’élection du Président de la République, qui aurait lieu vraisemblablement dans les pre miers jours de décembre. Le cabinet, réellement démissionnaire, cette fois, et reconstitué conformément aux opi nions qui se seraient manifestées gauche, ne ferait connaître son pro gramme qu’au début de la session de 1886. Nous pouvons donc espérer une tranquilité relative jusqu’à la fin de l’année ; si le cabinet Brisson n’obser vait cette réserve que pour donner au commerce une fin d’année passable, il faudrait l’en féliciter ; mais l’absence d’une majorité est bien pour quelque chose dans celte trêve « opportune. » Parmi les résultats électoraux dans les grandes villes, on doit remarquer ud fait moins politique que social : c’est que, dans les centres urbains considérables, le radicalisme est de plus en plus le maître. Sur 34 élus, Paris compte à peine 6 opportunistes, et quels opportunistes! Mais il compte 28 radicaux, avec un chiffre de voix qui atteint presque 300,000 sur 416,729 votants. Marseille n’a que des radicaux, 8 sur 8. Lyon n’a que des radicaux, 11 sur 11. Bordeaux fait prévaloir aussi là liste radicale. Toulouse seule fait exception : 1 radical sur 7, et on sait de quelle manière il a été proclamé. Il faut noter que dans la plupart des agglomérations plébéiennes que nous venons de citer, les radicaux ont écrasé non seulement les conservateurs, mais lçs républicains les plus ardents, et il est facile de prévoir qu’ils entraîne ront, dans un prompt délai, la majorité à la Chambre. Quelles causes principales peut-on assigner à cette croissante prédomi nance des éléments radicaux dans les grands centres? La dépopulation des campagnes où un gouvernement pré...