Extrait du journal

Saint-Quentin , le 22 Juillet 1848. 7. Egalité, tel est le titre d’une brochure que vient de faire paraître M. Besol d’Epinal. M. Besol s’intitule cultivateur, et il l est : nous remarquons cola dans un temps où, il n’y a pas en core quinze jours, on se faisait ouvrier par vanité et par inté— Jet, comme il y a six mois on se faisait comte et marquis. Que de taux ouvriers nous avons vus ! que de mains calleuses par contrebande et par imitation î Les oisifs voulaient à toute force être des travailleurs. 11 est vrai qu’en revanche les travailleurs se faisaient oisifs. Ces mensonges ne sont pas de mise dans l’a griculture ; ils n’y sont pas nécessaires. L’agriculture admet tous les rangs ; car 1 agriculteur n’est pas seulement celui qui tient la charrue. Celui qui dirige une ferme, celui qui a la science des engrais, celui qui sait la plantation des arbres ou l’éducation du Détail, celui-là est vraiment un agriculteur. Le manufacturier qui s’appelle ouvrier fait une métaphore ou une platitude, selon les temps. Le propriétaire de campagne qui cultive son bien et qui l’administre est un agriculteur véritable. 11 en a les mœurs et les habitudes laborieuses et régulières. S’il a de plus la science que donnent les écoles et les lumières que donne la réflexion , cela ne gâte rien à son métier. Le vieux Caton était fort bon agriculteur, et cela ne l’empêchait pas d’être grand orateur et grand écrivain. Le ménage des champs, comme on disait dans notre vieille langue, se prête à toutes les études et s’accorde avec toutes les plus hautes fonctions. L’agriculture est à la fois Ja plus belle forme du travail humain et la plus morale. Il n’y aucun genre de travail non plus qui révèle mieux l’o rigine de la propriété et ce qu’elle a de sacré. Le principe de la propriété, dit fort bien M. Basol, c’est le travail. A voir un champ désert, couvert de ronces et d’épines, qui ne produit rien et ne sert à rien, et à voir plus tard le champ couvert d’é pis et devenu le nourricier de ceux qui le cultivent, tout le monde comprend que le travail qui a lait ce changement mer veilleux a lait une création, car il a mis la fécondité et la vie où il n'y avait que le désordre et le chaos. Or, tout le monde comprend aussi qu’il est juste que la création dépende du créa- |...